A l’approche des élections groupées de décembre 2020, c’est le mercato au sein de la Représentation nationale. Cette pratique qui empoisonne l’éthique en politique prend de l’ampleur en Centrafrique. Selon des observateurs de la vie politique, la 6e législature a battu le record dans cette pratique. Les députés en changeant de famille politique en toute circonstance, créent une incertitude et l’inconstance lors des votes.
Le « Koudoufarisme » ou débauchage revient au galop sous une autre forme à l’Assemblée nationale centrafricaine. En toile de fond, l’argent qui est la principale raison de mutation permanente et sans saison. Selon des informations reçues par Radio Ndeke Luka, sur au moins 100 partis politiques légalement constitués en République centrafricaine, seulement 17 disposent de siège dans cette législature qui tend vers la fin.
En tête, l’Union nationale pour le développement et le progrès (UNDP) de Michel Amine, qui au départ était majoritaire avec 14 députés. Aujourd’hui, les parlementaires membres de ce groupe ont presque muté. Pour illustration, 7 élus sont partis au groupe parlementaire KNK, deux à l’Union pour le renouveau centrafricain, les autres au Mouvement Cœurs Unis et au Parti d’action pour le développement (PAD) de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moussa Laurent Ngon Baba. L’UNDP ne garde que deux rescapés.
Le groupe parlementaire KNK lui, enregistre une montée en puissance depuis le retour au bercail de son président fondateur François Bozizé. L’effectif des députés a doublé, passant de moins 10 à plus de 20 parlementaires.
Cependant, certains groupes parlementaires ont disparu. C’est le cas de celui du Rassemblement pour la République (RPR) de Ferdinand Alexandre Nguedet. La Renaissance pour un développement durable (RDD) de Augustin Agou, née des cendres du RPR, a perdu également plus de 6 représentants sur une dizaine que comptait ce groupe parlementaire.
Malgré tout, on n’est pas encore au bout de tunnel. Plus de 5 députés du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) sanctionnés par leur parti, ont rallié armes et bagages, la majorité au travers leur groupe « Les Patriotes ». Le parti Mouni de Thierry Kamach, ne dispose désormais que de 6 élus de la Nation sur une dizaine qu’il comptait dans un passé récent. Les autres ont fait allégeance aux différents autres groupes parlementaires.
Ce phénomène de « prostitution politique » prend de l’ampleur à la veille des élections du 27décembre 2020. Dans le rang des dernières mutations, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de Martin Ziguélé a perdu un député en faveur du MCU tandis que l’URCA de Anicet Georges Dologuélé, enregistre également deux départs, tous en faveur de Mouni. Le Patrie de Crépin Mboli-Goumba, qui avait un groupe parlementaire, l’a perdu à cause du départ de certains de ces membres.
« La victoire a beaucoup de pères et la défaite est orpheline » disent les chinois. Le Chemin de l’Esperance de Abdou Karim Meckassoua, ancien président de l’Assemblée nationale a considérablement maigri à cause du départ massif de ses membres. Avec plus d’une vingtaine, ils ne sont plus que 12 parlementaires. Un membre de ce groupe en provenance du Parti de l’unité nationale (PUN) vient de quitter son camp pour le MCU. Ce même MCU aujourd’hui compte plus de 30 députés, à majorité des indépendants.
Ces mutations qui minent la réputation des députés laissent transparaitre un problème de gestion interne au sein de ces groupes parlementaires mais pour certains observateurs, cela est justifié par le fait que les députés indépendants sont majoritaires à l’Assemblée nationale.