L’Accord pour la paix et la réconciliation, signé entre le gouvernement et les groupes armés le 06 février 2019 est-il toujours en vigueur ? C’est la question que se posent de nombreux centrafricains face à la reprise des hostilités dans plusieurs régions du pays par la coalition de ces groupes armés.
Après le retour à l’ordre constitutionnel le 30 mars 2016, le gouvernement centrafricain, sous l’égide de la communauté internationale, a signé un accord politique pour la paix et la réconciliation le 06 février 2019 avec 14 groupes armés du pays. Cet accord qui définit un nouveau cadre de partenariat, devrait permettre le désarmement et la dissolution de tous les groupes armés et guider le redéploiement de l’autorité de l’Etat dans les zones occupées. Comme monnaie d’arrangement, certains principaux leaders des groupes armés ou leurs représentants sont nommés au gouvernement, à la présidence de la République et à de hautes fonctions de l’administration publique.
Objet de nombreuses violations, cet Accord a permis le désarmement et l’incorporation dans l’armée nationale de combattants et l’instauration d’un climat de « ni paix ni guerre » dans certaines régions. Le 03 décembre 2020 après le verdict de la Cour constitutionnelle, invalidant certaines candidatures dont celle de l’ancien président François Bozizé, quelques uns des groupes armés ont claqué la porte de l’accord et se sont retournés contre le régime de Touadéra. En peu de temps, plusieurs villes sont repassées sous le contrôle de ces hommes armés qui menacent désormais de marcher sur Bangui.
A la question de savoir, est-ce que l’Accord politique pour la paix est encore valable ? Est-il mort ou non ? Le gouvernement annonce une correction en cours sans donner la nature de celle-ci.
« Les décisions de correction vont être prises très rapidement. Quand je dis correction, ça veut dire que nous allons corriger ceux-là. Ceux que nous avons nommés. Nous corrigerons nos faits » a affirmé Ange-Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement.
Selon l’avis des observateurs de la vie sociopolitique en Centrafrique, le gouvernement et les garants de l’Accord du 6 février 2019 doivent déclarer sa mort.
« L’histoire nous rattrape toujours. Le Premier ministre Firmin Ngrébada avait dit que les groupes armés sont les partenaires du gouvernement. Et ce sont, bizarrement, ces partenaires du gouvernement qui se sont coalisés contre le gouvernement. Je pense que s’il y a des sanctions, des têtes qui doivent tomber, on commencerait par le chef du gouvernement qui a cautionné tout cela. Il va falloir également, revoir la feuille de route de la Minusca, des garants et facilitateurs » a martelé le sociologue Karl Blagué.
De leur côté, les garants et facilitateurs n’ont encore commenté cette violation flagrante des termes de l’accord politique pour la paix. Tout le monde se veut prudent et se contente juste de condamner l’attitude des groupes armés, motivés selon des sources officielles par l’ancien président François Bozizé.