Nouvelle sortie fracassante de l’ambassadeur russe en Centrafrique. Dans une conférence de presse tenue à Bangui le 29 mars 2021, à la veille de l’investiture de Faustin-Archange Touadera, Vladimir Titorenko a été intransigeant vis-à-vis de certains hommes politiques centrafricains et d’une partie de la communauté internationale.
Comme désormais dans ses habitudes, Vladimir Titorenko s’en est d’abord pris à François Bozizé qu’il considère comme auteur des violences en République centrafricaine. Pour l’émissaire russe, si l’ancien président, aujourd’hui en maquis, ne se rend pas aux Forces armées centrafricaines, il pourrait être neutralisé.
« C’est l’occasion d’appeler les autres leaders de ces groupes armés de la CPC de donner monsieur Bozizé et les autres leaders des groupes armés à la justice de votre pays afin qu’ils soient jugés. S’ils continuent leur lutte, je ne peux pas exclure que pendant les opérations militaires, il sera absolument neutralisé par les forces armées de votre pays » a affirmé Vladimir Titorenko, ambassadeur de Russie en Centrafrique.
Par ailleurs ; M. Titorenko n’en reste pas là. Il fustige le leader de l’opposition centrafricaine, Anicet Georges Dologuélé, l’accusant d’être de connivence avec la coalition des patriotes pour le changement (CPC) à travers l’accord qu’il a signé mi-décembre 2020 avec le KNK de François Bozizé. Pour le diplomate, il s’agit bel et bien d’un accord militaire.
« Dans cet accord, il s’agit très clairement que ces deux personnalités ont demandé d’annuler les élections et de faire un coup d’Etat; de prendre le pouvoir et introduire une période transitoire contre la volonté de votre gouvernement et celle de toute la communauté internationale. Ce n’était pas un accord politique mais un accord militaire, signé le même jour que monsieur Bozizé a commencé son attaque contre les autorités légitimes de votre pays » a poursuivi le diplomate russe.
Sur les relations entre la République centrafricaine et ses voisins, l’ambassadeur russe pense que le Tchad ne joue pas franc jeu avec son voisin centrafricain.
« Malheureusement, le gouvernement du Tchad n’est pas capable ou peut-être ne veut pas aider le gouvernement centrafricain à sécuriser de son côté la zone frontière où il y a beaucoup de mercenaires, où il y a les routes par lesquelles passent les armes et les personnes pour gonfler les rangs des combattants rebelles » a conclu M. Titorenko.
S’agissant des opérations militaires en cours, le diplomate rassure quant à son achèvement. Selon lui, dans 2 à 3 mois, ces opérations mettront un terme aux activités des groupes armés sur toute l’étendue du territoire centrafricain. C’est pour une première fois, depuis le début des attaques coordonnées de la CPC, que l’ambassadeur de Russie en Centrafrique s’exprime publiquement devant les médias nationaux et internationaux.
Cependant, la réaction de l’opposant Anicet Georges Dologuélé, cité nommément par le diplomate russe, ne s’est pas fait attendre. Il se dit d’abord indigné de cette sortie médiatique. Par ailleurs, il dénonce une ingérence dans les affaires internes de la République centrafricaine et compte saisir le diplomate pour lui exprimer son désaccord.