La reprise des hostilités entre l’armée et les groupes armés en décembre 2020 a fortement impacté la situation humanitaire, surtout, à l’intérieur du pays. Les combats ont obligé des milliers de personnes à fuir leurs habitations et se trouvent dans la précarité. Face à l’impossibilité d’accès à certaines personnes vulnérables dans plusieurs régions, la Coordonnatrice humanitaire, Denise Brown tire la sonnette d’alarme.
Selon Denise Brown qui a échangé ce vendredi 02 avril avec les professionnels des médias à Bangui, la situation sécuritaire reste préoccupante en Centrafrique.
« Entre octobre 2020 et février 2021, nous avons eu 234 incidents sécuritaires contre les humanitaires, y compris deux morts et 8 blessés. Ça, ce sont des personnes qui viennent aider la population. Nous ne sommes pas armés. Nous présentons toujours à tout le monde ce que nous faisons, et malgré cela, on est ciblé. Cela représentante une augmentation de 79% par rapport à la même période de l’année passée. Donc c’est une hausse importante » a déploré Denise Brown.
Ces inquiétudes portées par les organisations humanitaires interviennent dans un contexte de difficultés pour les organisations humanitaires à porter assistance aux personnes affectées.
« Ma colère est totale du fait que la communauté humanitaire a été harcelée, intimidée par les groupes armés à Bakouma et que nos véhicules, nos moyens de travail ont été volés. En faisant cela, vous êtes en train de voler la population. Dans certains endroits, on est obligé de supprimer l’assistance tant que les travailleurs humanitaires seront laissés en paix pour travailler. Nous avons besoin de libre circulation, nous avons besoin de libre circulation, nous avons besoin que tout le monde comprenne ce que nous faisons » a-t-elle plaidé.
En Centrafrique, plus de 320.000 personnes sont dans le besoin humanitaire selon OCHA, alors que l’organisation a indiqué que plus de 500.000 autres sont dans une situation d’extrême urgence pour lesquelles les humanitaires tentent d’anticiper une réponse humanitaire.
« Nous avons réalisé une étude classée dans différentes catégories allant de 1 à 5. Trois (3) c’est la crise, quatre (4) c’est urgence et le cinq (5) c’est l’extrême urgence. Nous sommes actuellement dans une situation où nous avons 500.000 personnes dans cette phase 4 qu’on avait anticipé pour le mois de mai » a démontré Denise Brown.
M.Brown ignore par ailleurs les accusations portées par le gouvernement contre certaines ONG.
« Malheureusement non, je ne suis pas au courant avec l’ONG dont vous faites mention, je n’ai aucune connaissance de ça, je n’ai pas été contactée, ni par l’ONG en question, ni par le gouvernement » a-t-elle répondu.
Les difficultés des organisations humanitaires s’accentuent à un moment où la population vulnérable a le plus besoin de leur apport.