Le phénomène de la vente illégale de médicaments, refait surface dans les centres hospitaliers de Bangui. Pour illustration, les usagers de l’hôpital de l’Amitié dénoncent cette pratique qui est une entrave aux soins de qualité. Les usagers des services hospitaliers demandent aux autorités centrafricaines de tout mettre en œuvre pour stopper cette pratique.
Selon les témoignages recueillis à l’Hôpital de l’Amitié, certains personnels soignants après les examens obligent les patients de payer les médicaments qu’ils gardent par devers eux. Si le malade refuse et paye ses médicaments à la pharmacie, il court le risque d’être abandonné par le soignant. Un parent de malade hospitalisé à l’hôpital de l’Amitié est confus.
« Le traitement qu’on nous offre ici laisse à désirer. Il y a un phénomène inquiétant ici. Le médecin te prescrit des médicaments à payer à la pharmacie mais quelques agents te font carrément savoir qu’ils ont ces produits et qu’ils peuvent te les vendre. Si tu refuses, beuh, ils abandonnent ton parent malade », a témoigné le parent d’un patient admis dans cette structure sanitaire.
Les produits imposés sont-ils de bonnes qualités ? Conviennent-ils à la pathologie du patient ? Pourquoi refuser à un malade de se procurer des médicaments à la pharmacie ? Est-ce une pratique légalisée ? Ce sont des questions que se posent régulièrement les usagers des centres hospitaliers de la capitale centrafricaine.
D’autres témoignages rapportent que cette pratique est récurrente, et ce, même lors des interventions chirurgicales.
« Ces professionnels de santé prescrivent des ordonnances juste parce qu’ils ont des produits pharmaceutiques par devers eux qu’ils veulent évacuer sans que cela ne soit nécessaire » ont dénoncé quelques victimes de cette pratique rencontrées par Radio Ndeke Luka.
Pour Jean Chrysostome Kette, directeur de l’hôpital de l’Amitié, il est interdit au personnel soignant de vendre des médicaments. Pour lutter davantage contre ce phénomène, la direction à mise en place une boite à suggestion pour permettre aux patients de remonter leurs revendications pour des conduites à tenir.
« Quand on amène un malade, on lui prescrit d’abord des ordonnances et normalement celui qui prescrit, c’est-à-dire le médecin, c’est lui qui traite. Lorsque le parent va tourner le dos pour aller à la pharmacie, c’est peut-être un infirmier qui viendra lui dire que nous avons ce médicament ici. Le principe, c’est de dénoncer. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Il s’agit de racket. Pourquoi acheter ces produits qui sortent des poches ? » s’est interrogé le Directeur de l’hôpital de l’Amitié.
Dans son discours d’investiture le 30 mars 2021, le Président Faustin Archange Touadera a promis la mise en place d’un système de santé robuste, efficace et efficient, capable de faire face à cette pratique illicite.
« Nous avons commencé durant le premier mandat la revitalisation et la reconstruction du système de santé en considérant la santé comme un investissement et non une dépense. Notre second mandat sera concentré sur la mise en place d’un système de santé robuste, pleinement réactif, efficace et efficient, accessible à toutes les composantes de notre population et qui ne laisse personne de côté », a martelé le président centrafricain.
La vente illicite de médicaments décriée à maintes reprises par les patients et leurs parents est loin de connaître une fin dans les hôpitaux centrafricains. Cette pratique tend à s’officialiser dans certaines structures sanitaires au vu et au su des régulateurs.