- « Le représentant de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye alias Menteur Ndiaye sera expulsé la semaine prochaine de notre territoire suite à la demande soumise par le Ministre des Affaires Etrangères et des Centrafricains de l’étranger Temon BAIPO à la très haute autorité du pays », post publié sur Facebook, le 11 avril 2021, dans plusieurs groupes privés et partagé à maintes reprises.
- Contacté par téléphone, la ministre des Affaires étrangères dément cette information en précisant qu’elle n’a envoyé aucune lettre à la primature.
- Le conseiller à la communication de la primature ignore cette information.
- La rumeur selon laquelle Mankeur Ndiaye, représentant de la Minusca, est déclaré persona non grata est donc fausse.
EDIT (16 avril, à 18 h 04) : Jeudi 15 avril, un journaliste français nous précise la provenance de la rumeur. Celle-ci émane de Steve Tangoa, conseiller à la présidence de la République centrafricaine. Ce dernier a publié un tweet le 11 avril à 14 h 09, dans lequel il écrit : « Madame la ministre des Affaires étrangères a soumis ce jour à la très haute attention du PM le projet de décision à soumettre à la signature du chef de l’Etat pour déclarer M. #Menkeur Ndiaye « #persona_non_grata » sur le territoire de la #République_Centrafricaine. »
Quelques jours après une interview accordée à RFI, le 9 avril 2021, le représentant de la Minusca, Mankeur Ndiaye, fait l’objet d’une rumeur selon laquelle il serait sous le coup d’une procédure de persona non grata, après que la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo Temon, a soumis au gouvernement une demande d’expulsion du territoire centrafricain à son encontre. Sur RFI, le chef de la Minusca s’était félicité du retrait du leader de l’UPC, Ali Darass, de la CPC et de sa décision de réintégrer l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA). https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invit%C3%A9-afrique/20210409-m-ndiaye-la-minusca-enqu%C3%AAte-sur-les-all%C3%A9gations-d-exactions-de-mercenaires-russes-en-rca
Ses propos ont provoqué la polémique qui s’est diffusée sur les ondes de la radio nationale, les réseaux sociaux et au sein de certaines organisations.
Le 11 avril, Désiré Ngaïbona, proche du parti présidentiel, poste le message suivant dans le groupe Centrafrique Emergente avec Touadera, qui compte plus de 17 000 membres : « Le représentant de la MINUSCA, Mankeur Ndiaye alias Menteur Ndiaye sera expulsé la semaine prochaine de notre territoire suite à la demande soumise par le Ministre des Affaires Etrangères et des Centrafricains de l’étranger Temon BAIPO à la très haute autorité du pays ». En quelques heures, la nouvelle devient virale. Elle est partagée dans plusieurs groupes privés Facebook centrafricains et étrangers et reprises sur des sites comme le Potentiel centrafricain.
Capture d’écran Facebook (11/04/2021) Capture d’écran Facebook (11/04/2021)
La ministre des Affaires étrangères dément
Contactée via WhatsApp, Sylvie Baïpo Temon dément catégoriquement avoir introduit une demande d’expulsion du chef de la Minusca auprès de la primature: « Vraiment, les gens aiment trop mettre la zizanie pour rien. Je ne suis pas encore intervenue sur la déclaration de Mankeur Ndiaye. Tout ce qui est dit est faux. Je n’ai jamais rencontré le Premier ministre à ce propos. »
L’équipe #StopATènè a également contacté le conseiller à la communication du Premier ministre, Ursule Aguingo Grengbo, qui a réfuté les allégations : « La Minusca est un partenaire important, même s’il y a des hauts et des bas. La démarche dont vous avez eu vent ne provient pas du gouvernement. »
En latin, persona non grata signifie littéralement «une personne qui n’est pas la bienvenue ». Ce terme fait mention d’un individu dont une communauté ne veut plus. En vertu de l’article 9 de la Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques de 1961 (https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/9_1_1961.pdf) et de l’article 23 de la Convention de Vienne sur les Relations consulaires de 1963 (https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/9_2_1963.pdf), dont la RCA est signataire, « un Etat accréditaire a désormais la possibilité, sans avoir à motiver sa décision, de déclarer persona non grata un agent qui se trouve sur son territoire. L’Etat accréditant rappellera alors la personne en cause ou mettra fin à ses fonctions auprès de la mission, selon le cas. »
De cette rumeur est née une autre indiquant que Mankeur Ndiaye serait remplacé à la tête de la Minusca par un Rwandais, sans plus de précisions. Ainsi, lit-on sur le compte Facebook de L’Oubanguien Centrafrique : « A toutes les unités, Menteur Ndiaye vient de tomber !!! Un représentant allié prendra sa place. Bravo au peuple centrafricain. » Une allégation démentie par le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, contacté via WhatsApp : « Il s’agit de l’intox authentique. Cette information est méconnue au sein de notre institution. » D’ailleurs, le site officiel de l’ONU ne signale aucune publication visant le remplacement de Mankeur Ndiaye. De même, que l’on ne trouve aucune trace d’un prétendu soutien du secrétaire général des Nations-Unies au représentant de la Minusca.
#StopATènè, l’équipe qui lutte contre la désinformation et les discours de haine en RCA
Sources :
- Contact WhatsApp avec la ministre des Affaires étrangères
- Contact WhatsApp avec le porte-parole de la Minusca
- Appel téléphonique au conseiller à la communication de la primature
- Convention de Vienne sur les Relations diplomatiques (https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/9_1_1961.pdf) et Convention de Vienne sur les Relations consulaires (https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/9_2_1963.pdf)
- Site internet de l’ONU (https://news.un.org/fr/)