En marge d’une visite dans les maisons carcérales de la capitale début juin 2021, la Commission nationale des droits de l’Homme tire la sonnette d’alarme sur les conditions de détention. Elle parle de conditions « invivables » des prisonniers et appelle le gouvernement centrafricain et les Organisations non-gouvernementales à améliorer la situation de ces détenus.
A la maison centrale de Ngaragba dans le 7ème arrondissement de Bangui, le premier constat est le surpeuplement. Une situation qui inquiète les experts. En plus de ces aspects, la commission relève également la sous-alimentation des détenus.
« On peut citer l’établissement pénitentiaire de Ngaragba, dont la capacité d’accueil minimale était prévue pour 300 à 400 détenus. Malheureusement lors de notre passage, on a eu à relever un nombre pléthorique de 1.124 détenus. Le prisonnier a droit à tout : Santé, éducation, nourriture. Sauf le droit d’aller et de venir. Il y a des malnutris, des tuberculeux. Ils ont une infirmerie qui ne fonctionne plus faute de médicaments » déplore Mesmin Yolo-Grézangbé, expert pénitentiaire et membre de la commission.
Par ailleurs, l’accès aux toilettes reste encore difficile du fait de la vétusté des installations. Le service d’infirmerie manque de moyens. Les prisonniers malades se mélangent avec ceux qui sont apparemment sains. Face à cette situation inquiétante, les experts appellent les pouvoirs publics à agir vite.
« A Ngaragba, c’est la catastrophe. Vraiment, c’est insalubre, sinon invivable. Les lieux sont très sales et les gens n’ont pas d’objet sur lequel dormir. Leur santé se détériore au jour le jour. Nous avons également détecté une hausse de malnutrition. J’interpelle ceux qui sont chargés de la santé publique de faire un tour à Ngaragba. Sinon un jour, on aura tout ce monde mort », appelle Rock Joachim Komengué, président de la Commission nationale des droits de l’Homme.
Toutefois, les experts pénitentiaires apprécient au moins les conditions de détention à la prison du camp de Roux et à la maison d’arrêt pour femmes de Bimbo.
« En ce qui concerne le camp de Roux, on peut lui jeter des fleurs. En ce sens que, le respect des normes internationales qu’on a pu observer dans ses locaux de détention, pourra servir d’exemple dans les jours à venir aux autres établissements pénitentiaires. C’est presque pareil à l’établissement pénitentiaire pour femmes de Bimbo », conclut Joachim Komengué.
Face aux dysfonctionnements constatés dans les prisons de Bangui et Bimbo, la Commission nationale des droits de l’Homme invite le gouvernement et les Organisations non-gouvernementales à améliorer les conditions de détention des prisonniers.