Malgré leur prise en charge par le Fonds au profit des victimes de la Cour Pénale Internationale (CPI), les quelque 200 victimes sélectionnées souhaitent que ce prétoire international perpétue la traque des auteurs des crimes dont elles sont victimes. Une équipe de la CPI en République Centrafricaine a visité, le 22 juin 2021, les centres de leur prise en charge à Bangui.
La visite a débuté au dispensaire « Mama Carla » au quartier Sica II, dans le 2ème arrondissement de Bangui. Ce centre assure la prise en charge médicale d’environ 200 victimes, sélectionnées dans le cadre du projet pilote d’assistance aux victimes, initié par la Cour pénale internationale.
« Nous avons reçu 200 bénéficiaires pour les soins de santé. Nous avons procédé par un check-up de ces patients. Ce check-up consiste à faire un bilan de santé complet avant d’instaurer un suivi. Aujourd’hui, on parle d’une manière plus spécifique sur les problèmes descellés au moment du bilan complet » a fait savoir docteur Olivier Bogning, point focal de la prise en charge des victimes.
Une prise en charge de 12 mois. Cependant, les responsables s’inquiètent de cette courte durée. Pour eux, 38% de ces victimes souffrent de pathologies aiguës et méritent un traitement de longue durée.
« Le délai imparti pour le projet étant trop court, on se demande à quoi bon dire à quelqu’un, voici ta pathologie. Notre rêve aujourd’hui serait d’accompagner ces patients pendant un bon bout de temps; jusqu’à ce que nous soyons sûrs de leur prise en charge personnelle, surtout pour les pathologies chroniques » s’est inquiété docteur Olivier Bogning.
En marge de cette rencontre, les victimes ont exprimé leurs besoins à la Cour pénale internationale, au Fonds au profit des victimes et à l’ONG COOPI. Pour elles, les auteurs des crimes dont elles sont victimes, sont toujours libres et cela les inquiète.
« A chaque fois, nous croisons nos bourreaux. Tout ça, c’est parce les juges de notre pays ne font pas leur travail convenablement. Nous sommes nombreuses à vivre avec nos tortionnaires. Certains occupent encore des postes de responsabilité voire au sein du gouvernement. On est dépassé par ce genre de fonctionnement » a déploré, une des victimes.
Cette visite a permis à la délégation de s’enquérir de la situation des victimes prises en charge dans le cadre du Fonds d’assistance au profit des victimes. La prise en charge consiste à les appuyer en leur payant le logement, la scolarité de leurs enfants, des rations alimentaires et en leur assurant une prise en charge médicale, psychosociale voire des formations afin d’exercer des activités commerciales. Ce projet pilote du Fonds au profit des victimes est financé par les Pays-Bas à hauteur de 250.000 euros, soit un plus de 160 millions de francs CFA.