Les Evêques de Centrafrique alertent sur ce qu’ils qualifient d’une guerre par procuration entre la France et la Russie en République centrafricaine. Inquiétude exprimée dans un message adressé à la nation lors de la clôture de leur session tenue du 27 au 29 juin 2021 à Bouar (Ouest).
Même si les Evêques saluent la libération des grands centres urbains du pays des mains des groupes armés, ils dénoncent l’attitude de ces derniers qui, selon eux, concentrent dorénavant leur présence dans les périphéries et certaines localités où ils étendent leur domination et y commettent des exactions.
Les prélats donnent comme exemple la région sud-est allant de Zémio à la frontière avec le Soudan du Sud, de Mingala à Zangba dans la préfecture de la Basse Kotto, passant par l’axe Bocaranga-Ngaoundaye, Ndim et Paoua dans Lim Pendé, mais aussi aux confins des frontières communes avec le Cameroun et le Tchad. La conférence épiscopale s’indigne des multiples viols, tortures et assassinats utilisés comme stratégie de terreur par les rebelles tout comme les forces républicaines.
Sans détours, l’épiscopat centrafricain dénonce des influences géopolitiques entre la France et la Russie en Centrafrique. Une rivalité qualifiée par les Evêques d’une guerre par procuration en Centrafrique. « Nous nous sommes demandé dans notre déclaration de décembre 2020 si la guerre par procuration entre la France et la Fédération de Russie se faisait en Centrafrique. La diplomatie agressive dont la manifestation est palpable dans certaines déclarations semble confirmer cette assertion », notent-ils.
Pour eux, face à cette situation, le pouvoir exécutif centrafricain serait pris « en otage » entre ces deux pôles et certaines grandes institutions internationales.
« Désormais les aides à l’Etat centrafricain sont conditionnées, alors que l’impact de ces différentes mesures se fait sentir sur le peuple centrafricain », mentionne le communiqué de la Conférence épiscopale.
Sur l’utilisation des mines anti-personnel, la conférence épiscopale se dit consternée au recours de ces engins explosifs. « Nous constatons avec consternation le recours à l’usage prohibé des mines anti-personnel qui causent aujourd’hui la désolation au sein de la population et la mort de nos concitoyens « , regrettent les hommes de Dieu.
Pour la Conférence épiscopale de Centrafrique, ces tentatives visent à entraver la libre circulation des personnes et des biens. Les prélats dénoncent les groupes armés qui selon eux, se livrent aux pillages et à l’incendie des véhicules des commerçants ou des concitoyens en déplacement. Par ailleurs, les prélats exhortent les dirigeants à tout mettre en œuvre pour instaurer un climat de paix, de concorde nationale et de justice, gage du relèvement du pays.