De nombreux malades, notamment les plus démunis, sont fréquemment privés de soins dans certains centres de santé publics de la République centrafricaine. C’est le cas de deux patients, récemment rejetés et expulsés par le personnel soignant de l’hôpital communautaire de Bangui. Des accusations contestées par quelques responsables de cet hôpital.
Plusieurs témoins rencontrés par Radio Ndeke Luka rapportent que des malades dépourvus d’argent sont fréquemment rejetés ou abandonnés par le personnel soignant dans les hôpitaux publics. Le samedi 26 juin 2021, David Badjangou Mapouka meurt sur une banquette après avoir passé quatre jours devant l’hôpital communautaire de Bangui. Ancien journaliste admis à la retraite, il aurait été rejeté par les services de soins alors qu’il insistait de consulter un médecin.
« Le patient a été amené par deux filles de salle de l’hôpital. Selon elles, c’est depuis trois jours qu’il est venu se soigner. Puisqu’il n’a pas été reçu, elles l’ont amené chez le major. Malheureusement, ce dernier les a renvoyés. Et elles ont encore voulu le déposer auprès des agents de sécurité, ceux-ci l’ont simplement mis dehors. C’est comme cela qu’il s’est retrouvé sur cette banquette », témoigne une autre patiente.
Face à cette situation, certaines personnes de bonne volonté et parents de malades touchés ont eu l’initiative de collecter de l’argent pour déposer le corps à la morgue.
« On a vu le corps du monsieur à terre. Selon les informations qu’on a reçues, c’est le major de l’hôpital qui a mis le patient dehors. Après son décès, nous avons collecté 15.000 francs Cfa pour déposer le corps à la morgue » ajoute un autre témoin.
Deux jours après la mort de David, Radio Ndeke Luka a rencontré les responsables de l’hôpital communautaire de Bangui. Malheureusement, ces derniers disent ne pas être au courant de cette histoire. A la question de savoir si les personnes démunies avaient, elles aussi, la même chance d’accéder aux soins comme celles qui ont de l’argent. Une responsable de service visiblement mécontente lâche, « Nous avons prêté serment pour sauver des vies. Nous ne faisons aucune différence entre les malades qui arrivent à l’hôpital ».
Par manque de soins, Marius Mbaîngou, mentalement instable, décède le 27 juin 2021 à l’hôpital communautaire. Selon ses proches, il a été victime d’une agression dans un quartier du 3ème arrondissement. Faute de moyens, sa situation ne préoccupait les agents de santé.
« Ca fait une semaine qu’il a été agressé. Blessé au bras gauche, une personne de bonne volonté l’a transporté sur sa moto et déposé ici à l’hôpital communautaire pour les premiers soins. Arrivé ici et vu que personne n’est venu à son chevet, il était abandonné à son triste sort. Trois jours après, le patient a succombé à ses blessures » déplore un proche du disparu.
L’histoire de ces deux hommes n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. De nombreux centrafricains s’interrogent, aujourd’hui, sur la place de la conscience professionnelle dans les hôpitaux publics. Radio Ndeke Luka a contacté certains responsables d’hôpitaux, mais ces derniers n’ont pas souhaité réagir.