Quelques années après les chocs, certaines victimes de violences sexuelles essaient de surmonter leurs traumatismes et construire une nouvelle vie. Grâce à une poignée d’organisations nationales ou internationales, elles se lancent dans de petits commerces et s’orientent vers d’autres métiers comme la couture ou encore la mécanique.
Ces femmes et hommes pour la plupart jeunes, ont été victimes de violences qui ont émaillé les évènements meurtriers de 2013 à 2014 en Centrafrique. Recouverte de cicatrices sur une bonne partie du corps, Olga témoigne avoir été victime de violences sexuelles à Libi dans l’Ombella-Mpoko
« Il y a quelques années, ils m’ont torturée et violée devant mon mari. Par la suite, ils lui ont attaché les mains et l’ont jeté dans une fosse. Il était au bout de la mort. Nous étions obligés de vendre tout ce que nous possédions pour leur donner la somme qu’ils exigeaient », raconte-t-elle.
Pour certaines victimes qui ont réussi à dépasser leurs traumatismes, la reconstruction n’a pas été facile du fait de l’histoire vécue. Cependant, elles se disent fières d’avoir changé de vie grâce aux différentes formations reçues.
« Mon père et moi revenions du champ ce jour-là. Lorsqu’ils nous ont appréhendés, ils l’ont abattu. Et ce, devant moi. Ils m’ont tiré une balle au niveau du bras. Par la suite, ma grande sœur m’a fait revenir à Bangui. C’est ainsi que j’ai connu l’ANAF qui m’a formé. Aujourd’hui, j’ai accepté de changer mon histoire en devenant couturier » raconte Landry, victime et couturier.
Parmi les victimes de violences sexuelles, il y en a qui, pour la plupart, ont subi des cruautés avant de s’en sortir grâce aux prises en charge d’organisations internationales.
« En ce temps-là, j’étais enceinte. Et comme j’avais mal à la dent ce jour-là, je me suis rendue chez ma grande sœur pour chercher des tisanes. C’est en cours de route que les éléments de la Séléka m’ont violée au KM5. Peu de temps après, je suis tombée malade. J’ai perdu le fœtus à 7 mois. On m’a orientée vers Médecins sans frontières. Ensuite chez les femmes juristes et l’ONG Rabat où j’ai appris la couture » témoigne Armande, une autre victime.
Aujourd’hui, la vie de ces victimes a visiblement changé, parce qu’elles ont réussi à surmonter leurs traumatismes. Désormais, elles font partie des 131 victimes que l’Association nationale d’appui aux femmes et jeunes filles libres victimes de violences en situation de détresse (ANAF) a formées pendant six (6) mois. Notamment, dans différents domaines tels que la couture, l’hôtellerie, voire la mécanique. Celles qui ont réussi à surmonter leurs blessures, elles demandent aux autres victimes de violences sexuelles de se confier, elles aussi, à l’hôpital ou à des associations pour tenter de se reconstruire.