Après quelques mois de pause, les activités judiciaires ont repris ce vendredi 16 juillet 2021 en République centrafricaine. Le président Faustin Archange Touadéra a saisi l’occasion pour fixer un nouveau cap. Plus de tolérance pour les bavures de la part des acteurs judiciaires, prévient le chef de l’Etat.
Le 30 mars 2016, Faustin-Archange Touadéra, dans son discours d’investiture, a promis de faire de la fin de l’impunité la « colonne vertébrale » de son mandat. Dans son message à l’occasion de cette rentrée judiciaire, Faustin Archange Touadera a opté pour un ton ferme. Le chef de l’Etat s’est attaqué aux dysfonctionnements au sein de l’appareil judiciaire.
« Nous allons désormais tout mettre en œuvre pour corriger les nombreux disfonctionnements de notre appareil judiciaire. Notamment la lenteur de traitement des dossiers ainsi que l’indélicatesse de certains acteurs de l’appareil judiciaire, qui sont autant de maux qui minent la justice de notre pays, et renforce le doute sur la capacité de notre justice à rendre des décisions crédibles », reconnait le président de la République.
Mais il n’en reste pas là. Le président appelle à la fermeté face aux dérapages. « J’invite avec la plus grande fermeté, la chambre des notaires, la chambre des huissiers et le barreau à prendre leurs responsabilités. Nous ne tolérons plus désormais aucun écart de la part d’acteurs judiciaires peu scrupuleux, préférant un enrichissement personnel au détriment du développement de notre pays. »
Un nouveau cap est fixé. Cependant, les difficultés de l’appareil judiciaire sont tout de même à ne pas négliger. Léon Dincpi, président par intérim de la Cour de cassation appelle le ministère des Finances à l’accélération du décaissement des fonds pour le fonctionnement des juridictions.
« On souhaiterait que le ministère des Finances puisse faire des efforts pour que les crédits de fonctionnement soient payés le plus tôt possible. La seconde difficulté est celle des moyens roulants. La troisième, est celle des robes d’audiences. Enfin, certaines juridictions ne disposent pas de bâtiments, de bureaux et de résidences », déplore le magistrat Léon Dincpi.
Les juges centrafricains reprennent leurs activités au titre de l’année 2021-2022 avec un slogan : « les contentieux fonciers ».
« Le contentieux foncier a constitué en 2020, 41 % de l’ensemble des affaires qui ont été soumises à l’arbitrage des juridictions nationales. A titre d’exemple, en 2019, les tribunaux de grande instance de Bangui et de Bimbo pour ne citer que ceux-là, ont eu à traiter respectivement 81 et 247 dossiers du genre sur environ 700 dossiers », indique la magistrate Brigitte Izamo.
Aujourd’hui, 75% des détenus dans les maisons d’arrêts sont en détention préventive. Une réalité qui n’honore pas la République centrafricaine selon le chef de l’Etat. Faustin Archange Touadera appelle au respect des délais légaux de détention.