Suite à un rapport de la Haute autorité à la bonne gouvernance visant la gestion des fonds alloués à la Jeunesse pionnière nationale (JPN), un ministre et trois de ses collaborateurs sont placés en détention préventive à Bangui. Ces derniers sont soupçonnés d’avoir détourné environ 200 millions de francs CFA, fonds à grande partie, alloués à l’alimentation des apprenants. Une enquête est en cours pour établir les responsabilités.
L’affaire remonte au mois de juin 2021. Elle fait suite à un rapport de la Haute autorité à la bonne gouvernance qui alerte sur une mauvaise gestion et un détournement présumé de plusieurs dizaines de millions de francs CFA à la Jeunesse pionnière nationale (JPN), unité chargée de la formation des jeunes désœuvrés dans divers domaines.
Le rapport pointe la responsabilité du Haut-commissaire, le ministre délégué Isidore Ngrépé. Pour la Haute autorité à la bonne gouvernance, la JPN est caractérisée par une gestion familiale, clanique, patrimoniale de la chose publique.
« A un haut sommet de responsabilité dans une institution de l’Etat, on retrouve une directrice, coordinatrice des directions qui serait l’épouse du ministre-haut-commissaire. En même temps, une nièce qui serait la chargée de matériels et des finances. Un oncle, directeur de formation. Un de ses neveux, directeur des études. A ce niveau, nous avons affaire à une entreprise familiale. Là, nous allons à l’encontre de la Constitution » déplore Aimé Augustin Zanga Kpiwe, porte-parole de la Haute autorité à la bonne gouvernance.
En plus du ministre Haut-commissaire, détenu au Camp de Roux à Bangui, trois autres cadres de la JPN sont également épinglés et placés en détention préventive à la maison d’arrêt de Ngaragba et celle de Bimbo. Il s’agit du responsable des Ressources humaines, du directeur de la production et de la cheffe de service de la comptabilité. Selon des sources proches de cette institution, les trois cadres auraient été à l’origine d’un détournement de plus de 100 millions de francs CFA. Le porte-parole de la Haute autorité à la bonne gouvernance énumère quelques soupçons.
« Il y avait d’abord la mauvaise gestion des fonds alloués pour l’alimentation des pionniers ; les jeunes qui sont recrutés et habituellement internés dans les centres de formation. Il y a aussi le problème des fonds spéciaux que la présidence alloue hebdomadairement à cette institution. Nous avons également décelé un problème d’interférence dans les attributions des uns et des autres » souligne Aimé Augustin Zanga Kpiwe.
Alerté, le chef de l’Etat aurait ordonné l’arrestation du ministre et de ses trois collaborateurs. Par ailleurs, plusieurs témoignages recueillis par Radio Ndeke Luka auprès du personnel de la JPN attestent que cette mauvaise gestion dénoncée, jouerait déjà négativement sur la formation des jeunes désœuvrés. Des jeunes dont le dernier recrutement remonterait à 2019.