Au village Kobadja situé à 50 kilomètres de Grimari dans le centre du pays, les habitants sont toujours attachés aux pratiques ancestrales comme dans les temps anciens. Une façon, pour eux, de conserver la tradition centrafricaine et de valoriser le mode de vie des ancêtres.
Environ 100 autochtones vivent à Kobadja. Les habitants, pour la plupart, sont constitués de chasseurs traditionnels, attachées aux pratiques ancestrales. Dans ce village, tout le monde se connait de nom et de visage. Chaque matin, ces chasseurs préparent leurs sagaies et dressent leurs chiens avant de partir à la chasse. Cependant bien avant de partir, tradition oblige. C’est l’exemple de Bena, un habitant du village qui se recueille devant la cage de « Ngali », un perroquet au plumage rouge, violet et gris, accrochée à sa case. Pour lui, c’est une pratique héritée des ancêtres.
« Avant de placer nos pièges, on adresse des prières aux ancêtres. Nos ancêtres ont leur manière de pratiquer la chasse. Avant d’y aller par exemple, ils mettent les cendres sur les armes. Ils font des incantations. Et au petit matin, ils peuvent librement partir en forêt » raconte Bena.
En dehors de la chasse, ces habitants s’adonnent à la culture de la terre. Chaque année, ils implorent la bénédiction des ancêtres avant de commencer le semis. Une manière d’obtenir un bon rendement.
« Pendant la période de semis, nous construisons un étal à côté de la maison sur lequel nous mettons les houes, les machettes et tous les outils de travail. Par la suite, nous égorgeons un coq et nous versons quelques gouttes de son sang sur les matériels. Les membres de la famille doivent boire le reste du sang. Après cette cérémonie, on démarre le semis pour avoir un meilleur rendement » fait savoir Mbrengo, un octogénaire du village Kobadja.
Cette pratique se fait également lors de la naissance des nouveau-nés. Lorsqu’un enfant est né, un culte d’action aux ancêtres est régulièrement célébré.
« Lorsque la femme accouche des jumeaux. Dans ce cas d’espèce et après la naissance des bébés, nous construisons très rapidement un étal et nous égorgeons un coq. Le père de l’enfant et son beau-père mangent une partie. La mère et sa belle-fille mangent le reste » explique le « vieux » Mbrengo.
En faisant ce sacrifice, les habitants veulent garantir l’avenir des jumeaux. Kobadja est l’un des rares villages de la République centrafricaine où les habitants conservent encore les pratiques ancestrales. Pour ces derniers, c’est une histoire et une fierté.