L’Assemblée nationale centrafricaine de nouveau au cœur d’un détournement présumé de plus de 300 millions de Fcfa. Cette somme représente les retenus de pension du personnel administratif non versés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) depuis plus de 10 ans. Selon les informations Ndeke Luka, l’affaire remonte à la 5e législature en 2011.
Ce détournement présumé impacte négativement le départ à la retraite du personnel atteint par la limite d’âge. Même si une première vague de 24 personnes vient de partir à la retraite, le personnel dénonce cette mauvaise gestion et demande que lumière soit faite. Les retenus de pension du personnel administratif prélevés sur les salaires n’ont pas été versés à la Caisse nationale de sécurité sociale. Le montant total s’élève à 319 millions de FCFA.
Des sources proches du dossier incombent la responsabilité aux anciens dignitaires et certains cadres de l’Assemblée Nationale. Ces derniers auraient créé des comptes fictifs pour exploiter cette somme prélevée à leur propre fin. En 2016, une commission d’enquête parlementaire dirigée par le député Steve Koba pour faire la lumière sur cette affaire est restée sans suite.
Avec l’initiative de la 6e législature élue en 2016, une somme de 105 millions de FCFA a été versée à la CNSS entre 2019 et 2021. Le versement de cet argent a permis le départ à la retraite de 24 premiers fonctionnaires. Un moratoire dont RNL a obtenu copie a été signé entre le parlement et la CNSS pour l’apurement mensuel d’environ 10 millions de FCFA.
Herman Théodore Ngafide et Clotaire Demba, anciens chauffeurs du parlement déplorent les conditions de leur admission à la retraite.
« Moi, par exemple, je n’ai pas encore atteint l’âge de départ à la retraite. Mais soudainement, j’ai reçu la notification. Depuis ce jour, au niveau de la CNSS, malgré les démarches on me dit que je ne suis pas reconnu », fait savoir le premier. « Ils nous ont renvoyés à l’Assemblée Nationale car nos dossiers ne sont pas avec eux. Du côté du parlement, on nous dit que nos cotisations sont régulièrement versées. Nous sommes balancés de gauche à droite. Et pourquoi ? », s’interroge le dernier.
Où sont partis les 319 millions de FCFA? A qui incombe la responsabilité de ce détournement présumé? Il est difficile au stade actuel de répondre avec exactitude à ces questions. Mais d’ores et déjà, la Cour des comptes et la Haute autorité chargée de la bonne gouvernance avaient produit respectivement des rapports sur cette affaire en 2017. De nos jours, ces rapports sont restés lettre morte. Bernard Dillah, 2e vice-président de l’Assemblée Nationale, annonce qu’un audit de ces comptes sera fait pour savoir où se trouve le blocage.
« Tant qu’il n’y ait pas d’audit, nous ne pouvons déjà identifier les responsables et à qui incombe cette responsabilité. Mais nous, ce que nous avons fait par souci pour nos personnels qui doivent faire valoir leur droit à la retraite, l’Assemblée nationale a essayé de trouver des compromis dans un entretien direct avec la CNSS », explique le membre du bureau parlementaire.
Depuis la création de l’Assemblée Nationale, son personnel administratif n’a pas de numéro de matricule. Cette situation pose un problème de prise en charge par la fonction publique.