C’est l’exaspération depuis quelques jours au sein de la presse centrafricaine. De nombreux journalistes bisent le silence pour dénoncer une entrave à la liberté de la presse. Ces professionnels de médias déplorent le comportement de certains agents de sécurité et services de protocole des autorités centrafricaines. Plusieurs fois, des journalistes ont été chassés, humiliés, menacés voire agressés verbalement lors des activités officielles.
Le ras-bol est presque général au sein de la corporation. De nombreux journalistes sont montés au créneau, dénonçant sur les réseaux sociaux les menaces et humiliations qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions.
« Ces derniers temps, cette situation s’est vraiment accentuée. Avec la délégation venue récemment de la Libye, les journalistes ont été chassés par les forces de l’ordre à l’aéroport international Bangui Mpoko quoique invités. Lors de l’installation du comité de dialogue républicain le lundi 30 septembre, un protocole d’état a voulu mettre dehors les confères qui étaient invités pour la couverture médiatique et cela s’est reproduit le samedi 03 septembre au PK22 pendant la cérémonie d’inauguration de la base logistique de l’armée. Un haut gradé a méprisé les journalistes », déplore Bienvenu Doumta, directeur de publication du quotidien La Fraternité.
Pour certains journalistes, la profession est en pleine évolution avec le développement des nouvelles technologies. Cependant, indiquent-ils, de nombreux agents de sécurité et de protocole ne sont pas à la page de cette évolution.
« Ils ne considèrent pas ce que nous faisons. Les technologies ont évolué mais les militaires et protocoles nous empêchent même de faire des vidéos ou prendre des photos avec des Smartphones. C’est du mépris et ces gens ne doivent pas être une entrave pour nous dans l’exercice de notre métier. Ils doivent comprendre que nous n’avons plus besoins de grosses caméras ou des équipements pour faire notre travail », s’insurge Evodie Ngarafo, journaliste d’une Web TV.
Vu la montée du mépris vis-à-vis des journalistes lors des cérémonies officielles, l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA), brise aussi le silence.
« La mission des agents de protocole est basée sur la courtoisie qui est l’un des piliers de la diplomatie. Je pense aussi que la mission des forces de défense est de protéger les citoyens mais pas d’empêcher les journalistes à faire leur travail. Nous demandons donc au gouvernement d’enjoindre les agents de protocole et de l’Etat qui font de la sécurité leur apanage de laisser travailler librement les journalistes », lance Tita Samba Solet, président de l’UJCA.
De son côté, le Haut conseil de la communication se dit inquiet et envisage de se prononcer très prochainement. Contacté par Radio Ndeke Luka, le ministre de la communication Serge Ghislain Djorie dit ne pas être au courant de ces dérapages. Néanmoins, il souhaite être saisi par écrit en vue d’une réponse appropriée.
Face à ce comportement que les médias centrafricains qualifient « d’entrave à la liberté de la presse », de nombreux journalistes appellent à une action commune en vue d’y mettre un terme.