Près de deux semaines après la tuerie de civils non loin de Bambari, le Conseil national de la jeunesse (CNJ) interpelle le Premier ministre. La rencontre a eu lieu ce jeudi 14 octobre à Bangui. Une occasion pour les jeunes d’exposer leurs difficiles conditions de vie, provoquée par l’insécurité persistante dans le pays.
Tueries de masse à Lémouna et Koundili dans la périphérie de Paoua, Bongboto à Bossangoa dans le Nord et récemment à 15 kilomètres de Bambari où près d’une quarantaine de personnes ont été tuées ; la plupart des victimes sont des jeunes.
C’est avec colère et frustrations que le Conseil national de la jeunesse a introduit un mémorandum au Premier ministre, Henri-Marie Dondra. Les termes utilisés sont forts si bien que le Chef du gouvernement s’est déplacé vers ces jeunes pour les convaincre. De Bambari à Bossangoa, en passant par les 3ème et 5ème arrondissements de Bangui, les jeunes ont exposé leur ras-le-bol.
« Je voudrais vous faire part des faits qui se produisent au niveau du 3ème arrondissement. Des faits tels que, les tueries, les trafics d’organes humains ainsi que le récurrent problème d’insécurité. Je voudrais vous dire, monsieur le chef du gouvernement, que ces choses n’ont pas commencé aujourd’hui » lance Mahadi Mouna, présidente de la jeunesse du 3ème arrondissement.
Des échanges fructueux et sans complaisance
Le débat était fructueux et sans filtre. Certains leaders jeunes de la capitale ont même rappelé à Henri-Marie Dondra leur vécu quotidien. Pour eux, l’exécutif doit faire plus.
« Il est vrai que cela est une bonne politique. Mais pour nous, ce n’est pas suffisant. Je prends le cas du 5ème arrondissement où il y a 2 check-point, notamment le commissariat et l’OCRB de Ngouciment. Je ne comprends pas comment avec le couvre-feu, les braquages continuent. Même si le gouvernement ne peut pas tout arrêter, il peut néanmoins atténuer » se questionne Barbara Sangha, leader des jeunes du 5ème arrondissement.
Pour le Chef du gouvernement, l’exécutif s’active pour la sécurité de sa population. Tentant toujours de convaincre ses interlocuteurs, M. Dondra les appelle à faire preuve de patience.
« Cela est arrivé, nous le regrettons. Mais sachez que le gouvernement y travaille. Si vous comparez la situation d’aujourd’hui à celle que nous avions connue il y a cinq ans, il y a eu une grande évolution. Et donc, ne perdons pas espoir face à toutes les mesures que nous sommes en train de prendre. Croyons toujours au retour d’une paix définitive » renchérit Henri-Marie Dondra.
Les jeunes qualifient cette rencontre d’historique et souhaitent que les autres autorités centrafricaines puissent en faire autant.
Karl Kikobet: le vécu de la population de Bossangoa est déplorable