Malgré diverses réformes engagées, le système éducatif centrafricain est encore en proie à de nombreuses difficultés. Parents d’élèves et acteurs du secteur éducatif déplorent de nombreux dysfonctionnements qui minent le développement de ce secteur. A l’occasion de la journée mondiale de l’Education ce 24 janvier, des voix s’élèvent pour exiger plus de rigueur dans la mise en œuvre du plan national de développement du secteur éducatif.
Manque d’enseignants qualifiés, de tables-bancs, insuffisance des salles de classe, manque de suivi pédagogique rigoureux de la part des instances supérieures, mouvement d’enseignants critiqué à cause des irrégularités qui l’entachent. La liste est longue. De nombreux centrafricains pointent du doigt l’irresponsabilité des autorités.
Un effectif très insignifiant
« Au niveau de Nanga-Boguila, nous disposons de 37 écoles sur un effectif de plus de 4.000 élèves. Malheureusement, nous n’avions que de 05 enseignants qualifiés. Le reste ne sont que des maitres-parents. Au lycée, nous avons près de 700 élèves pour 04 enseignants qualifiés. Seul, un seul a pu prendre fonction. Les autres sont toujours à Bangui » indique Auguste Dokowane, élu de la Nation.
Si le système éducatif centrafricain se porte un peu mieux à Bangui, la situation est plus catastrophique à l’intérieur du pays. Un constat amer selon les autorités locales.
« A Obo, depuis des décennies, on ne connait plus les enseignants, les instituteurs voire les professeurs formés par l’Etat. Pour l’année qui vient de s’achever, nous n’avions enregistré la présence d’aucun professeur du secondaire. Ce qui fait que plusieurs élèves ont quitté la localité » regrette, Ernest Mizedio, député d’Obo.
Obo, Paoua, Bossembélé, Mobaye, Batangafo ou encore Birao, presque tout le pays est concerné par ce problème. Face à la perte de vitesse du secteur éducatif, des initiatives locales ont vu le jour dans certaines localités pour sauver la scolarisation des enfants.
« Je me suis engagé à faire des recherches. Notamment, de voir comment porter un coup de main pour ramener l’éducation dans cette zone là. Nous avons créé en 2012, le 1er collège de la localité. Malheureusement dans les écoles que nous construisons et dans celles qui existent, il n’y a qu’un seul enseignant envoyé par l’Etat. Le reste, c’est des maitres-parents » affirme Mathias Monzebe, président de l’Association des ressortissants de Bagandou.
A la rentrée des classes 2021-2022, le ministre de l’Education nationale Aboubakar Moukadas Nour avait rassuré que des efforts seront consentis par le gouvernement pour palier le manque d’enseignants qualifiés. Jusqu’à aujourd’hui, le problème persiste malgré l’intégration de plusieurs milliers d’enseignants dans la Fonction publique. De nombreux observateurs déplorent l’impuissance du ministère de l’Education nationale face au refus de certains fonctionnaires de regagner leurs postes.
Investir davantage dans le capital humain
La Banque Mondiale, de son côté, a appelé l’an dernier le gouvernement centrafricain à investir davantage dans le capital humain. Toutefois, des questions se posent autour du plan des autorités centrafricaines pour la relance de ce secteur car le président de la République, dans son adresse à la Nation à l’occasion de la nouvelle année, n’avait pas abordé la question.