Pour de nombreux pisciculteurs, le changement climatique a des effets néfastes sur les activités de l’aquaculture en République centrafricaine. Ces derniers affirment faire face, ces derniers mois, à une sécheresse sévère causant le tarissement des eaux de leurs bassins. Une première depuis des décennies, selon eux.
Sur le site de production piscicole de Pk10, à la sortie Nord de Bangui, Paul Saoué pratique la pisciculture depuis plusieurs décennies. Une tradition qu’il conserve de ses parents. En sillonnant les allées de ses bassins, construits sur une vaste étendue de plus de 2 hectares, l’homme âgé d’une soixantaine d’années est surpris par le tarissement des eaux. En cette période de saison sèche, il pointe du doigt les effets du changement climatique.
« A l’époque, il y avait de l’eau toute l’année. Si bien que nous exercions 12 mois sur 12. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Toutes les eaux des bassins ont tari avec les effets du changement climatique. Là, on ne sait plus comment faire parvenir de l’eau » affirme Paul Saoué, responsable du centre maraîcher avicole et piscicole de Gobongo.
Ce tarissement a provoqué la mort de centaines de poissons. Les pisciculteurs, eux, déplorent un manque d’appui des autorités centrafricaines.
« En République centrafricaine, on ne pense pas à la population. On préfère faire autre chose. L’Etat a les moyens. Il peut construire des châteaux d’eau. La pisciculture que nous pratiquons à présent, est déjà révolue. Nous devons évoluer. Mais si l’Etat ne nous donne pas ces moyens-là, que pourrions-nous faire » déplore Paul Saoué.
Les effets inattendus de la saison sèche, notamment, le tarissement brusque des eaux de bassins, ont découragé de nombreux pisciculteurs.
« Certains sont découragés parce qu’ils n’ont pas reçu d’aide. Dans certains pays, il existe une politique de développement visant à encourager la participation de la population. Malheureusement chez nous, cette politique n’existe pas. C’est pourquoi de nombreux pisciculteurs ont préféré s’orienter vers d’autres activités pour gagner leur vie » regrette Isaac, un des enfants de Paul.
Face à ce qu’il considère de dégâts causés par le changement climatique, Paul Saoué exige des autorités et de la communauté internationale, de l’aide car il se dit victime.
« Le changement climatique est provoqué par des grands pays. Ce phénomène vient d’ailleurs. Logiquement, ceux qui l’ont provoqué devrait nous aider. Malheureusement, les gens ne se dérangent pas. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on ne peut plus exercer normalement » conclut Paul Saoué, responsable du centre maraîcher avicole et piscicole de Gobongo.
Qu’est ce qui est prévu par le gouvernement pour appuyer les secteurs affectés par le changement climatique ? Au ministère de l’environnement, personne n’a souhaité répondre à nos multiples sollicitations. En attendant, Paul et son équipe fondent leur espoir sur les prochaines pluies pour relancer leurs activités.