Une crise de carburant secoue depuis 72 heures la ville de Bangui. Il est difficile pour les automobilistes et certains consommateurs de s’approvisionner dans les stations-services. Une occasion pour les revendeurs de faire de la spéculation sur le peu de produits dont ils disposent. Le gouvernement de son côté affirme qu’il n’y a pas de pénurie.
Dans les principales stations-services de la capitale, le constat est sans appel. A l’intersection des avenues de l’Indépendance et Koudoukou dans le 4èmearrondissement, l’une des deux stations-services encore fonctionnelles est prise d’assaut par des motocyclistes et automobilistes. On peut distinguer une longue queue dans laquelle règne l’incompréhension.
« Total doit nous trouver une solution »
« Je suis là depuis 8 heures pour m’approvisionner. Sauf que la station ne sert pas le carburant. Ce qui fait que plusieurs véhicules et motocyclettes croupissent dans les queues. On ne sait pas vraiment ce qui se passe. Total doit, néanmoins, nous trouver une bonne solution » s’insurge José Gbeya, consommateur.
De l’autre côté de la voie, à la station Tradex, les entrées sont hermétiquement fermées. Le personnel fait savoir qu’il manque de produits nécessaires pour servir les usagers. Ces derniers plaident pour une solution durable.
« Je demande aux autorités du pays de trouver une solution durable à ce problème de pénurie de carburant. Si vraiment, le gouvernement peut construire des dépôts supplémentaires pour stocker les produits pétroliers, ce serait une bonne chose. Cela pourrait pallier le problème » réclame Benzoni Poukouhou, un conducteur de mototaxi.
Généralement, chaque crise d’hydrocarbures devient une occasion pour les revendeurs de faire de la spéculation. Pour illustration, le litre d’essence qui se vendait à 800 francs est passé à 1000 francs CFA. Les revendeurs se défendent.
« On nous oblige à payer 1.500 francs de plus »
« On ne connaît pas encore les raisons de cette crise. Bizarrement ce matin lorsqu’on est venu acheter du produit pour pouvoir revendre, on nous impose d’ajouter 1.500 francs de commission. Au lieu de 17.500 francs pour 20 litres, nous payons 19.000 francs. Raison pour laquelle, le litre est passé à 1.000 francs » explique Lionel Blewane.
Alors que tout le monde parle de crise et que les stations-services sont vides, le gouvernement, lui, ne parle pas de crise d’hydrocarbures dans la ville de Bangui. Le ministère de l’Energie explique cette pénurie par le retard accusé dans l’approvisionnement des dépôts. Par ailleurs, il rassure l’opinion quant à l’approvisionnement des stations-services.
« Nous gérons la consommation pour éviter la crise »
» Il y a du carburant au niveau de la Socasp. Mais puisque, les marqueteurs ont des difficultés à trouver du super à Sonara et à N’djamena, nous régulons de manière à ce que la consommation soit proportionnelle à l’arrivée du super par la route. Ce qui veut dire, nous gérons la consommation pour ne pas tomber dans la crise » précise Alain Fidèle Kolongato Gbadou, directeur de cabinet du ministre de l’Energie.
Depuis près d’une décennie, Bangui connaît une pénurie de carburant entre mars et juin. Une situation qui est généralement à l’origine de la flambée de prix ainsi que de la contrebande dans le secteur pétrolier.
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