C’est une affaire du moins rocambolesque. Après avoir décidé de la fermeture de la chaîne de télévision Vision 4-RCA, le 11 mars 2022, le Haut conseil de la communication (HCC) est très vite revenu sur sa décision ré-autorisant la diffusion des programmes de cette chaîne de télévision sur l’ensemble du territoire centrafricain. Un rétropédalage dénoncé par certains Hauts-conseillers qui y voient la pression des autorités centrafricaines.
Le 11 mars, le HCC a pris la décision de suspendre les programmes de la chaîne de télévision Vision 4 sur l’ensemble du territoire centrafricain. Motifs évoqués : le non paiement de redevances relatives à l’utilisation des fréquences, le refus de répondre aux invitations du régulateur et les mauvais traitements répétés infligés aux journalistes de cette chaîne.
Une sentence revue en l’espace de quelques heures
La décision rendue publique le 14 mars a été revue en l’espace de 3 ou 4 heures par les Haut-conseillers. Pourquoi ce revirement alors que jamais dans son histoire, le Haut conseil de la communication n’a été aussi expéditif dans une pareille situation ? Et bien, selon des sources proches du HCC, l’institution aurait reçu des pressions de la présidence de la république, intimant l’ordre aux responsables de revenir sur leur décision, car dit-on, l’homme d’affaires camerounais, propriétaire de cette télévision, est un proche du Président centrafricain.
Alors que certains Haut-conseillers dénoncent cette attitude qui, selon eux, foule au pied l’indépendance du HCC, son président José Richard Pouambi affirme que la sanction a été levée parce qu’une solution à l’amiable a été trouvée.
« Il n’y a pas de raison pour le HCC de maintenir la sanction infligée »
« Vision 4 a été sanctionnée pour non-paiement de redevance. On n’a pas subi de pression. Mais à partir du moment où il y a eu un arrangement pour des mesures compensatoires entre le gouvernement et le groupe Anecdote (Ndlr propriétaire de Vision 4-RCA), il n’y a pas de raison pour le Haut conseil de la communication de maintenir la sanction infligée » défend le président du HCC.
Certains Haut-conseillers contactés par Radio Ndeke Luka ont fait part de leur inquiétude quant à l’indépendance du HCC vis-à-vis des pouvoirs publics.
« C’est dommage qu’au lieu de soutenir les institutions de la République, les autorités centrafricaines les affaiblissent. Je m’interroge sur la nécessité de ma présence au sein de cette institution », s’alarme un Haut-conseiller.
Cette situation au Haut conseil de la communication relance le débat sur l’indépendance de certaines institutions de la République et sur la politique de deux poids deux mesures prônée par les autorités centrafricaines. Début mars, certains journaux d’informations, dont Médias + qui ont manqué à leur devoir, ont écopé des sanctions du HCC, sans aucune réaction des autorités nationales.