Le Projet d’appui à la relance agricole et au développement de l’agrobusiness en République centrafricaine (Pradac) fonctionne au ralenti depuis plus d’un mois. En cause, un conflit de compétences entre le ministre de l’Agriculture et le coordonnateur du projet, recruté par la Banque mondiale. Ce malentendu impacte négativement les bénéficiaires des six préfectures de mise en œuvre. L’affaire est encore en justice alors que les partenaires dénoncent l’ingérence des autorités dans ce projet.
Les faits remontent au 13 février 2021, lorsque le ministre de l’Agriculture, Mathieu Éric Rokossé Kamo, a pris un arrêté ministériel pour nommer Pascaline Tamelesso, coordonnatrice en lieu et place de Hamady Mabo, recruté par la Banque Mondiale. Un arrêté jugé illégal par le coordonnateur en fonction du fait de la signature de cet arrêté de nomination un jour non-ouvrable, mais aussi la violation de la procédure de recrutement de la Banque Mondiale.
Hamady Mabo a intenté une action en justice et l’affaire est pendante devant le Tribunal administratif de Bangui. Sur le terrain, les ONG et entreprises partenaires de mise en œuvre du projet subissent déjà les conséquences. « Nous sommes pénalisés depuis un mois et nous ne savons pas quel est le problème», confie à Radio Ndeke Luka, un responsable de l’ONG Coheb qui réalise des chantiers dans les environs de Bangui.
Par ailleurs, un responsable de Générale des Entreprises Veret (GEV) regrette que la construction des ouvrages d’art à Mboko dans le 9ème arrondissement de Bangui, soit suspendue à cause de ce problème. Même son de cloche du côté de la société Molato-Services, où tous les marchés communautaires en construction sur l’axe Mbaïki, notamment, dans les villages Ndangala, Kapou et Yombo, sont bloqués. «Nos factures demeurent impayées sans aucune explication. Cette situation nous plonge dans un désarroi» martèle le coordonnateur.
Fibert-BTP n’est pas épargnée de cette crise. Un cadre au téléphone avec Radio Ndeke Luka précise que les chantiers de construction d’un marché communautaire sur les axes Boali et Damara sont aussi affectés. Selon Mathieu Éric Rokossé Kamo, ministre de l’Agriculture et du développement rural, la rupture du contrat du coordonnateur du Pradac, objet de l’actuelle polémique, fait suite à un aide-mémoire de la Banque Mondiale. Celle-ci remet en cause sa gestion.
Le membre du gouvernement explique le désaccord avec le coordonnateur par l’incompétence qui a occasionné un faible rendement sur le projet. Mathieu Éric Rokossé Kamot, promet de revenir vers Radio Ndeke Luka pour plus de détails.
Le projet Pradac est un programme du gouvernement centrafricain, financé par la Banque Mondiale à hauteur de 14 milliards de francs CFA. Aujourd’hui, 54% du fonds ont été déjà exploités en deux (2) ans de mise en œuvre sur les cinq (5) ans prévus.
Les préfectures de l’Ouham, l’Ouham-Pendé, Bamingui-Bangoran, Vakaga, Ouaka ainsi que Bangui et ses périphéries sont les zones de mise en œuvre de ce projet. Cette crise interne au ministère de l’Agriculture impacte négativement sur les agriculteurs bénéficiaires du programme dans la relance agricole.