Confrontés à une crise humanitaire sans précédent, la population de Kabo dans l’Ouham-Fafa lance un cri de détresse. Les denrées alimentaires deviennent de plus en plus chères dans la ville et la population, avec un faible pouvoir d’achat, manque de moyens pour faire face à cette inflation. En outre, l’absence d’infrastructures et de services sociaux de base coupe cette localité du reste de la République centrafricaine.
Située à près de 500 kilomètres au Nord de Bangui, la ville de Kabo a été pendant plusieurs années le bastion de plusieurs groupes rebelles centrafricains. Aujourd’hui avec le redéploiement de l’Etat, cette sous-préfecture de plus de 30.000 habitants fait face à toutes les difficultés d’ordre social et humanitaire. Notamment, dégradation avancée de routes et ponts, manque d’enseignants qualifiés, absence du personnel soignant voire de fonctionnaires et agents de l’Etat. Pour les habitants de Kabo, leur localité est abandonnée par l’Etat du fait de son passé tumultueux.
« Tout le monde n’est pas rebelle dans cette ville »
« Il n’y a plus de route là-bas. C’est difficile aujourd’hui de quitter Kabo pour venir à Bangui. Car, il vous faut plusieurs jours pour rejoindre la capitale. Il y a aussi cette question de la carte nationale d’identité. Lorsque tu es ressortissant de cette localité, ton dossier n’est pas le bienvenu. Mais tout le monde n’est pas rebelle dans cette ville. Le gouvernement doit nous aider vraiment » déplore Anour Souleymane, un habitant de Kabo.
Les travaux champêtres, principales activités de la population de Kabo, sont aujourd’hui en baisse du fait de l’insécurité. Selon les habitants, la famine guette la localité. Anoure Souleymane tire la sonnette d’alarme.
« Lorsqu’il y avait la sécurité, on cultivait normalement. Une personne pouvait cultiver environ 10 à 20 hectares. Mais en ce moment, avec l’insécurité et la présence d’hommes armés dans les zones reculées, on ne peut plus cultiver. Avec cette situation et vu la hausse des prix de marchandises sur le marché, nous craignons une éventuelle pénurie » s’inquiète Anour Souleymane.
En 2021, le gouvernement avait, pour des raisons sécuritaires, fermé l’aérodrome de Kabo. Cette fermeture a entraîné la suspension des activités médicales de l’ONG Médecins sans frontières dans cette ville. Aujourd’hui, la population qui bénéficiait des prestations gratuites de MSF, peine à avoir accès aux soins de qualité. Par ailleurs, la situation humanitaire se dégrade davantage sans un lendemain meilleur, selon la population.