Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a renouvelé, ce vendredi 29 juillet 2022, l’embargo sur les armes à destination de la République Centrafricaine, mais avec beaucoup d’allègements. La sanction est prolongée jusqu’au 31 juillet 2023. Sur les 15 pays membres du Conseil de sécurité, dix (10) ont voté pour la reconduction. Par contre, cinq (5) se sont abstenus.
La particularité, selon le rapport de la réunion publié sur le site de l’ONU, c’est le niveau d’allègement atteint depuis 2013. Le Conseil de sécurité a renouvelé l’embargo jusqu’au 31 juillet 2023, bien sûr, mais tout en précisant que la mesure ne s’applique pas aux livraisons d’armes et de munitions, de véhicules et de matériels militaires destinés aux Forces de sécurité centrafricaines.
Réaction mitigée de Bangui
Sur sa page Facebook, la Ministre centrafricaine des affaires étrangères, Sylvie Baïpo Temon fait le résumé en 5 points :
« Le conseil de sécurité lève l’embargo sur les armes aux forces gouvernementales, donc plus de limitation d’accès à certaines catégories d’armes. Il permet l’accès aux armes sans approbation du conseil à travers le comité de sanction, mais par simple notification avant l’arrivée des armes ; met un embargo sur les armes aux groupes armés ; maintient les sanctions de gel des avoirs et de circulation des personnes sous poursuites des Nations-Unies ; enfin, le Conseil définit pour une durée d’un an, la limitation d’accès aux armes pour les forces gouvernementales», écrit la diplomate centrafricaine.
Ainsi, si l’armée centrafricaine est autorisée à se procurer du matériel militaire sans limite, elle doit, cependant, encore attendre un an pour le faire. Et pour cela, aucune condition n’a été donnée.
Par ailleurs, la cheffe de la diplomatie centrafricaine, dans une interview accordée à Radio Ndeke Luka, qualifie le projet voté par le Conseil de sécurité d’une avancée significative, mais aussi d’un projet non satisfaisant pour son pays.
«Il s’agit de la levée de l’embargo en ce qui concerne les forces gouvernementales, c’est-à-dire la levée de la limitation d’accès aux armes. Les forces gouvernementales ont désormais accès aux armes, moyennant une notification du comité de sanction. C’est une avancée significative, ce qui est appréciable, mais qui pour la République Centrafricaine, n’est pas encore à la hauteur de ses attentes. Parce que la République centrafricaine a toujours et continue de plaider pour la levée totale de l’embargo», affirme Sylvie Baïpo Témon.
«Non, on est à côté de la République centrafricaine en étant sur le terrain…»
Même si cette nouvelle décision du Conseil de sécurité de l’Onu est qualifiée d’une avancée significative par Bangui, il n’en demeure pas moins que des frustrations existent.
«C’est un message extrêmement important qui est lancé. C’est pour ça que cette avancée est significative mais elle n’est pas encore satisfaisante pour la République centrafricaine, parce que ce sont les autorités légitimes du pays qui sont appelées à la barre du Conseil de sécurité. C’est un message extrêmement dangereux que nous envoyons et qui fausse la communication, les encouragements, les déclarations de soutien, d’appui, d’être à côté de la République centrafricaine… Non, on est à côté de la République Centrafricaine en étant sur le terrain, mais de ne pas l’appeler à la barre, de ne pas avoir un projet de résolution qui met en cause les victimes et non les bourreaux», fustige Mme Baïpo Témon
Se félicitant de l’abstention de cinq (5) pays membres, la diplomatie centrafricaine remercie les pays concernés, notamment, la Chine, la Russie, le Gabon, le Kenya et le Ghana.
La nouvelle décision du Conseil de sécurité de l’Onu sur l’embargo à destination de la République centrafricaine est attendue juste avant fin juillet 2023. Mais en attendant, le Conseil qui félicite les autorités centrafricaines, les appelle à déployer plus d’efforts pour satisfaire les conditions pouvant conduire à une levée totale de cette sanction. Quant aux groupes armés, ils sont appelés à respecter leurs engagements pris dans l’accord du 6 février 2019 et dans la feuille de route de Luanda.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a imposé un embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine depuis 2013. Cette décision fait suite au renversement du régime du président François Bozizé par un coup d’Etat militaire de la Séléka, une coalition des rebelles venus du Nord-est du pays.