62 ans après l’indépendance, les Centrafricains fustigent encore la gouvernance du pays. Marquée par des conflits militaro-politiques et des rébellions à répétition, la République centrafricaine manque cruellement d’infrastructures sociales de base. Regorgeant d’innombrables ressources naturelles, le pays, selon l’Indicateur du développement humain (IDH), occupe le 188ème rang sur 189 pays au monde et la majorité des Centrafricains vivent encore sous le seuil de la pauvreté avec moins d’un dollar par jour.
62 ans après son accession à l’indépendance, la République centrafricaine a connu 3 régimes démocratiques pour environ 4 pouvoirs dictatoriaux et plusieurs régimes de transition. Plus d’une centaine de partis politiques, selon le ministère de l’Administration du territoire, exercent dans le pays. L’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation mais aussi aux infrastructures de base de qualité, est loin d’être une réalité. D’où le ras-le-bol de plusieurs habitants.
« On n’est toujours pas à l’aise »
« Aujourd’hui, tout est cher. En plus de cela, il n’y a pas de bonnes routes. Comment le pays peut-il se développer ? Humblement, nous demandons aux autorités de songer à cette question d’indépendance. Plus de 60 ans après, on n’est toujours pas à l’aise » a regretté Hubert Maeya, un habitant de Bangui.
Si depuis 1960 l’instabilité politique est récurrente en République centrafricaine, le dialogue républicain de mars 2022 lance une nouvelle base de la société. Plus de 200 recommandations, nées des cendres du forum de Bangui de 2015, ont été formulées pour un nouvel essor du pays. D’aucuns incombent la responsabilité de cette mauvaise gestion aux dirigeants qui se sont succédé à la tête du pays.
« Notre comportement ne reflète pas notre devise »
« Les mots me manquent pour qualifier exactement notre comportement. Le comportement du Centrafricain ne reflète pas la devise du pays. Dans notre pays, quelqu’un qui n’a jamais mis pied à l’école est parfois très honnête. Mais ceux qui sont instruits, leur moralité reste à désirer. C’est vraiment un souci » a déploré Bruce Gotifio, commerçant.
D’autres, par contre, notent un progrès à travers le versement régulier de salaires aux fonctionnaires et agents de l’Etat.
« Nous traversons des moments difficiles avec des guerres partout. On ne peut pas vraiment avancer comme il se doit. Sinon, des efforts sont consentis du côté du gouvernement pour payer régulièrement les salaires, pensions et autres. Je pense qu’à la longue, il pourra mieux faire » a estimé Dieudonné, fonctionnaire.
Selon les données du ministère de l’Energie et de l’Hydraulique, depuis l’indépendance, seulement 23 % de la population de Bangui a accès à l’électricité contre 10 % dans les villes de province. L’eau potable reste une denrée rare pour la majeure partie de la population. En plus, les routes du pays se trouvent dans un état de délabrement très avancé.
Centrafrique : quel bilan sécuritaire 62 ans après l’indépendance ?