- En circulation dans des groupes WhatsApp et Facebook, une publication fait référence à une possible existence d’un virus dans le paracétamol P/500
- Le Ministère centrafricain de la Santé publique méconnaît l’existence d’un tel virus.
- La direction de régulation des produits pharmaceutiques précise que le prétendu Paracétamol P/500, porteur du virus Machupo, n’est pas enregistré en République centrafricaine.
- Le Bureau national de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait référence à une campagne de désinformation et dément l’existence du virus Machupo dans ses précédents rapports.
- Des articles de vérification datant de 2019 remettent en cause cette alerte sanitaire.
- Après vérification par la Cellule #StopATènè, il s’agit d’une vieille rumeur mondiale datant de 2017 et qui refait surface dans les groupes WhatsApp en RCA. Elle est donc fausse.
Début octobre 2022, dans plusieurs groupes WhatsApp et Facebook en République centrafricaine, un message d’alerte est diffusé plus d’un millier de fois alertant sur une possible contamination par le virus Machupo via le paracétamol P/500 : « Faites attention à ne pas prendre le #Paracétamol, qui est écrit P/500. C’est un nouveau #Paracétamol, très blanc, et brillant, les médecins s’prouver à contenir le VIRUS ‘‘MACHUPO’’ considéré comme l’un des VIRUS les plus dangereux du monde. Et avec un taux de mortalité élevé. S’il vous plait partagez ce message, pour tout les personnes et toutes les familles. Et sauver la vie d’eux……..J’ai fait ma part , maintenant c’est ton tour………… Rappelle-toi que Dieu aide c’eux qui l’aident.»
Captures d’écrans Facebook du 18-10-2022
Les images accompagnant la légende montrent les parties génitales des prétendus patients rongées par des plaies. Cette alerte soutient l’existence d’un virus tout en interdisant l’usage du Paracétamol P/500 considéré comme le canal de transmission.
La publication de cette rumeur intervient dans un contexte où le monde fait face à une prolifération et à la résurgence des virus entre autres le Sar-Cov 2 (Covid19), Ebola etc.
Pour vérifier cette information, l’équipe #StopATènè de Radio Ndeke Luka a mené des investigations sur l’existence du virus Machupo et son canal de transmission évoqué par la rumeur.
Le ministère de la santé publique méconnait l’existence d’un tel virus
Contacté par la cellule #StopATènè, le ministre de la santé, Docteur Pierre Somse, affirme que son département n’a pas connaissance d’un tel virus dans le paracétamol P/500 sur le territoire centrafricain.
« Le ministère de la santé publique n’a connaissance d’un générique vecteur d’un quelconque virus. Pour l’instant, avec le Covid-19, l’équipe des épidémiologiques travaille en permanence en ce qui concerne les épidémies et les virus sur l’ensemble du territoire centrafricain » réagit-il.
Interrogé à ce sujet, le Directeur de la pharmacie et de laboratoire, Docteur Junior Romuald Oueifio, affirme que le Paracétamol P/500, dont il est question dans cette alerte, n’est pas enregistré en République centrafricaine.
« Ce médicament n’est pas répertorié dans la gamme des produits pharmaceutiques en République centrafricaine et le virus Machupo est inexistant des récents rapports de la surveillance épidémiologique sur le plan national», précise-t-il.
De son côté, la représentation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle d’une « campagne de fausses informations ».
Des articles de vérification remettent en cause la rumeur depuis 2019
En procédant à des recherches inversées sur Google, les mêmes fausses informations ont été vérifiées dans des publications par des médias de Fact-checking. Ces articles affirment que ces informations ne reposent sur aucun fait.
Le tout premier est celui de la cellule de vérification du Journal « Le Monde » qui titre en date du 31 décembre 2019 : « La fausse rumeur du paracétamol contaminé par un virus mortel ». Dans cet article, le tabloïde indique : « un racontar remontant à 2017 continue de circuler sur la présence du virus Machupo dans cet antidouleur très utilisé », peut-on lire.
Captures d’écrans du site du Journal « Le Monde » du 18-10-2022
Le second article de debunking provient de l’Agence France Presse qui a vérifié les liens scientifiques entre le paracétamol et les modes de transmission du virus Machupo. Selon le journal, ce virus autrement appelé «fièvre hémorragique bolivienne» se transmet par des rongeurs aux humains qui vivent dans des forêts, des zones rurales en Amérique du Sud.
Capture d’écran du site de l’AFP du 18-10-2022
En conclusion, l’alerte selon laquelle un paracétamol sur lequel est écrit P/500 contient un virus appelé « Machupo » est fausse. Doutez toujours avant de partager une information.
#StopATènè, l’équipe qui lutte contre la désinformation et les discours de haine en République centrafricaine.
Sources :
- Ministre de la santé publique et de la population
- Directeur de la pharmacie, des laboratoires et de la médecine traditionnelle
- Bureau local de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
- Journal le Monde : (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/12/31/la-fausse-rumeur-du-paracetamol-contamine-par-un-virus-mortel_6024465)
- Agence France Presse (AFP) : (https://factuel.afp.com/non-des-comprimes-de-paracetamol-ne-contiennent-pas-le-virus-mortel-machupo)
- Site officiel du Gouvernement canadien : (https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/virus-machupo.html)