Le calme est revenu dans les quartiers Yassimandji, Gbakondjia et Benz-vi dans le 5e arrondissement de Bangui. Plusieurs centaines de jeunes de ces quartiers ont incendié, ce jeudi 22 décembre, deux (2) postes de police de proximité.
Après une soirée mouvementée, ce jeudi 22 décembre, le calme est finalement revenu dans les quartiers du 5e arrondissement affectés par un mouvement de colère. En représailles à la mort d’un jeune du quartier Yassimandji, tué par un policier lors d’une opération de contrôle, des centaines de jeunes dudit secteur ont défilé avec le corps et incendié deux postes de police de proximité.
Les postes ciblés sont ceux du croisement Sica-Benz-vi et croisement des Martyrs. Selon le constat de Radio Ndeke Luka, après cette tension, les activités ont repris, ce vendredi, dans le secteur.
Les faits
Jeudi en fin d’après-midi, une patrouille des Compagnies nationales de sécurité (CNS), intervient pour disperser des jeunes qui jouent aux cartes (jeu du hasard) au quartier Yassimandji dans le 5e arrondissement de Bangui. L’intervention tourne au drame lorsqu’un policier ouvre le feu sur un des jeunes interpellés. Ce dernier, qui a reçu trois balles, succombera sur le champ.
« Qu’est-ce qu’il a fait ? Il n’a même pas joué aux cartes, il est simplement allé auprès de ses amis qui jouaient. A peine arrivé, la police a débarqué aussi et le gars a tiré sur lui à bout portant », raconte un oncle de la victime.
Du coup, la tension monte d’un cran. La victime était un conducteur de taxi-moto. Rapidement, ses pairs et certains jeunes du quartier se mobilisent. Le corps est transporté par la foule du lieu du drame à la devanture de la primature ; puis de la primature vers les locaux des CNS.
Interceptés par un mur de sécurité formé par les policiers à quelques centaines de mètres des CNS, les manifestants se rabattent sur un poste de proximité installé au croisement des martyrs ainsi que sur un autre au croisement Sica-Benz-vi. Les deux sont incendiés.
« Laisser la justice faire son travail »
Face au débordement des jeunes manifestants, la famille du jeune tué appelle au calme et à la retenue.
«Je suis son père. Ce qui est arrivé m’a beaucoup bouleversé. Mais, nous sommes dans un pays de droit. Lorsqu’un crime est commis, la responsabilité des uns et des autres peut être établie. Par conséquent, il faut laisser la possibilité à la loi de gérer la situation. Je demande à tous ces jeunes… je lance un vibrant appel à ses collègues conducteurs de taxis-motos d’apaiser leur colère et de laisser la justice faire son travail», lance Dieudonné Ngamakota, père de la victime.
Les autorités optent pour la prudence
Face à cette colère qui a entraîné la destruction de deux postes de police de proximité, les autorités de Bangui ont opté pour la prudence. Aucune déclaration officielle n’a été faite, dit-on, dans le but d’éviter d’envenimer la situation.
Par ailleurs, hors micro, certains responsables de la police ont affirmé à Radio Ndeke Luka que l’opération, qui a tourné au drame, visait une bande de consommateurs du chanvre indien. Les mêmes sources ont indiqué que les éléments qui ont mené l’opération sont déjà devant les juridictions compétentes pour nécessité d’enquête.
Cette tension, en plein cœur de la capitale, relance le débat sur le comportement de certains éléments des forces de défense et de sécurité. Malgré les formations données par la Minusca et les partenaires européens, nombreux n’ont aucune notion des droits de l’homme et ont la gâchette facile.