A partir de ce 1er janvier 2023, les Centrafricains peuvent désormais dénoncer toutes formes de corruption via un numéro vert, le 1316. Il s’agit d’une initiative du gouvernement visant à lutter contre ce mal qui gangrène la société centrafricaine.
En République centrafricaine, la corruption se ressent à tous les niveaux mais beaucoup plus dans l’administration publique. Le constat est amer. Les recrutements, le suivi des dossiers d’avancement, de pensions et les dédommagements, ne peuvent être traités sans des dessous de table.
Parmi les différents types de corruption qui existent dans le pays, la corruption financière est la forme la plus répandue. Paulin, un septuagénaire retraité rencontré devant le trésor public, témoigne.
« Pot de vin »
« Il y a trop de corruption. Dans tous les services qu’on sillonne, on te demande un pot de vin pour ton dossier afin d’éviter un blocage. Dans un service, on m’a demandé de donner quelque chose pour l’achat de l’encre pour permettre l’impression des documents. J’étais obligé d’abandonner le suivi du dossier. Ce n’est qu’après 8 à 9 mois que j’ai décidé de revenir. Après m’être livré à leur jeu, ils m’ont remis mon livret de pension », raconte Paulin à Radio Ndeke Luka.
Au Tribunal de grande instance de Bangui, nous rencontrons Denise. Cette mère de famille, dont le garçon est traduit en justice pour une affaire avec un commerçant, dénonce la corruption de l’appareil judiciaire.
L’argent et non le droit
« Lorsqu’ils ont arrêté mon fils, ils devraient le confronter à l’équipe d’enquête mais, ce n’est pas le cas. Après avoir reçu de l’argent du propriétaire du magasin, l’enquêteur a décidé de l’emprisonner. C’est pourquoi je souffre aujourd’hui en allant par ci par là. Je demande au gouvernement de veiller sur ces pratiques » se lamente Denise.
Au ministère des finances, c’est un autre visage de la corruption qui ne dit pas son nom. Robert, un orphelin, suit depuis 4 ans le dossier de pension de son défunt père.
« Rien n’avance »
« Ils ne demandent pas de l’argent mais, la manière dont ils traînent le dossier, prouve qu’ils ont besoin d’argent. Quand tu arrives, ils te disent que tu es arrivé à l’heure de la pause ou bien que le dossier est resté chez leur chef et rien n’avance. C’est une manière de te demander de l’argent. Je demande au gouvernement de prendre ses responsabilités car ce sont des pratiques qui freinent le développement du pays » explique-t-il.
Les témoignages sont nombreux. La corruption dans l’administration publique centrafricaine reste un fléau qui mine le développement du pays. Pour tenter de réduire son ampleur, le gouvernement a lancé mi-décembre 2022, un numéro vert, le 1316. Cette ligne d’appel gratuit devra permettre aux victimes de corruption de dénoncer cette pratique.
– A écouter : Centrafrique : mobilisation générale contre la corruption