La célébration des grandes fêtes et particulièrement celles de fin d’année favorise le développement d’une pratique inhabituelle et immorale aux alentours de la Cathédrale de Bangui.
Des adolescents, prétendant aller à l’église, trouvent l’occasion de faire des rencontres entre amoureux dans les espaces verts situés en face de la cathédrale de Bangui. Ces jeunes filles et garçons s’adonnent à la consommation de l’alcool, des stupéfiants et au sexe. Une pratique répandue pendant la célébration du réveillon du nouvel an selon le constat de Radio Ndeke Luka.
Ce 31 décembre, alors que la messe est en train d’être dite à l’intérieur de la cathédrale, plusieurs centaines de personnes vadrouillent dans la cour de l’église. Parmi ce monde se trouve Tanaka, un vendeur de boissons alcoolisées.
Ambiance attractive
«Je vends de l’alcool devant la cathédrale à cause de l’ambiance tout autour. Je n’oblige personne à venir acheter. Celui qui se sent à l’aise peut venir s’en procurer. C’est beaucoup plus les jeunes qui achètent ces boissons. Moi, je n’y vois aucun inconvénient », déclare Tanaka.
Ces bières, cigarettes et autres produits stupéfiants rendent l’environnement malsain sous le regard stupéfait de certains fidèles.
« Cette pratique date de Noël. Ils viennent au lieu de prendre part à la messe, ils préfèrent rester à l’extérieur pour s’embrasser et avoir des rapports sexuels. C’est déplorable ! Cette maison appartient à Dieu. Ce n’est pas une auberge », déplore Lucienne Elewa, fidèle de la cathédrale.
« J’ai refusé »
Parmi les centaines d’adolescentes qui vadrouillent dans la cour de l’église, ce n’est pas tout le monde qui se laisse faire. Elianna a repoussé les avances d’un jeune dragueur.
« Il est venu me draguer et m’a proposé qu’on aille dans les gazons pour passer à l’acte. J’ai refusé. Je suis venue à l’église et non pour faire un acte sexuel. Je lui ai dit qu’un homme qui aime une femme demande sa main à ses parents», raconte-t-elle.
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Ces faits ne sont pas nouveaux selon Joachin Ouango, un agent de sécurité de la cathédrale de Bangui. Il appelle les parents à prendre leurs responsabilités.
« Que les parents surveillent et éduquent leurs enfants. J’ai remarqué que dans la plupart des cas, c’est surtout, ceux de 15 à 18 ans qui s’adonnent à l’alcool et à la cigarette. Nous avons des preuves des actes sexuels avec les préservatifs que nous ramassons sur le gazon. C’est vraiment déplorable », regrette Joachim Ouango.
Dieu mérite respect et crainte
Les responsables de l’église catholique n’ont pas caché leur exaspération face à ce comportement propre à la rue. Pour le père Mathieu Fabrice Evrard Bondobo, Curée de la Cathédrale de l’immaculée conception, Dieu mérite respect et crainte.
« Je ne peux que dénoncer haut et fort que ce n’est pas le lieu indiqué pour de tels comportements. C’est un lieu qui inspire le respect mais aussi un espace d’éducation. À ceux qui viennent dans nos espaces pour se livrer à autre chose, je leur demande de nous respecter. Dieu mérite le respect et la crainte», exhorte le prélat.
Les grandes fêtes occasionnent très souvent des dérives sexuelles et plusieurs formes de violences parmi les jeunes et adolescents en Centrafrique. Pour de nombreux observateurs de la vie sociale, certains parents et même l’Eglise ont failli à leur devoir.