Le syndicat du personnel soignant a entamé, ce mercredi 8 février, une grève de 3 jours dans les hôpitaux publics. Celle-ci a été observée dans les principaux centres sanitaires de la capitale avec toutes les conséquences possibles.
Le mot d’ordre de grève du Syndicat du personnel soignant a été largement suivi malgré la menace de sanction brandie la veille par le ministre de la Santé. En sillonnant certains hôpitaux de Bangui, ce mercredi, la situation est alarmante. Certaines portes sont hermétiquement fermées, d’autres à moitié ouvertes.
A l’hôpital de l’Amitié, certains accompagnants sont obligés de ramener leurs proches malades à la maison par manque d’assistance.
« Nous allons nous débrouiller au quartier»
« Ma grand-mère a été hospitalisée ici. Mais après sa sortie le 6 février, ils nous ont demandé de la ramener chaque 2 jours pour son pansement. Malheureusement aujourd’hui pour son premier pansement, il n’y a aucun médecin. Alors, nous allons nous débrouiller au quartier », lance désespérément Danielle Tangbado, petite-fille d’une patiente.
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Au service de réanimation de l’hôpital de l’Amitié, une femme a perdu son père qui avait besoin d’assistance continue.
Pas d’assistance
« Même s’il y a la grève, il faut un service minimum. Il faut quelques médecins pour veiller sur les malades. Cependant, ils sont là mais ils ne nous assistent pas. C’est tout cela qui a causé la mort de mon père », déplore Claudine, fille du défunt.
A l’hôpital communautaire de Bangui, c’est le même décor. Une patiente est venue pour le suivi mensuel de son traumatisme. A cause de la grève, elle n’a pas pu entrer en contact avec son médecin.
« Il n’y a personne »
« J’ai eu un accident et j’ai subi une intervention chirurgicale. Je passe mon contrôle mensuellement ici. Sauf que ce matin, j’arrive et on me fait savoir que les médecins sont en grève. Il n’y a personne et tout est calme » constate Lydie, une patiente.
Plus loin au Complexe pédiatrique, c’est la désolation. De nombreux parents sont rentrés avec leurs enfants malades.
Appel à l’apaisement
Peu avant le début de la soirée, le ministre de la santé, Pierre Somsé, a dénoncé le fait que certains professionnels de la santé ont été chassés de leurs postes par des individus circulant à motos.
« Il nous a été rapporté qu’aux premières heures de la matinée du 08 février 2023, un groupe d’individus non identifiés a fait le tour des hôpitaux pour chasser le personnel sur leurs lieux de travail. Les grévistes se sont servis de motos, parfois, pour se rendre dans les hôpitaux et chasser le personnel. Leur mode opératoire était basé sur la menace et la peur, faisant craindre au personnel de santé un risque pour leur sécurité », dénonce Pierre Somsé.
Le ministre de la santé appelle toutefois à l’apaisement et au dialogue.
« Je voudrais féliciter l’ensemble du personnel de santé qui n’a ménagé aucun effort pour être à leurs postes de travail et fournir les soins nécessaires aux malades. Je les encourage à poursuivre cet effort louable pour le bien-être de la population. J’exhorte ceux qui ont voulu manifester leur mécontentement à revenir à la raison et à continuer à faire confiance au gouvernement qui ne ménage aucun effort pour améliorer les conditions de travail des professionnels de santé en dépit des conditions socio-économiques difficiles », exhorte-t-il.
Le syndicat du personnel de santé veut, à travers ce mouvement de mécontentement, la prise en compte par le gouvernement de quatre points de revendications. Notamment : le statut particulier du personnel de santé, le paiement des primes Covid-19 de 2021 et 2022, les états généraux du ministère de la Santé et l’intégration massive des jeunes diplômés de la santé dans la fonction publique.