Au cours d’un point de presse, le 17 février à Bangui, l’expert indépendant de l’Onu pour les droits de l’Homme, Yao Agbetse, a déploré la situation des droits humains en République centrafricaine. Selon ce diplomate en fin de mission, les indicateurs sont au rouge dans le pays.
Après une rencontre avec les autorités centrafricaines, la classe politique, la société civile et un tour à l’intérieur du pays, Yao Agbetse conclut sa mission sur une note négative en matière de respect des droits humains. En tête de la liste, les groupes armés encore actifs dans le pays.
« Il y a d’abord les groupes armés »
« L’ensemble des acteurs impliqués dans le conflit ont commis les violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. D’abord, les groupes armés à travers leurs attaques contre les positions des Faca. Les exactions sur les populations civiles enfreignent également aux principes du droit international relatif aux droits de l’Homme », a déploré Yao Agbetse, expert indépendant de l’Onu pour les droits de l’Homme.
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Outre les groupes armés, les Forces armées centrafricaines représentent, à elles seules, plus de la moitié des violations en seulement quelques mois.
Opérer de manière disciplinée
« Parmi les principaux acteurs, il y a aussi les forces de défense et de sécurité. Lesquelles sont responsables de multiples violations. D’après le rapport établi par la division des droits de l’Homme de la Minusca pour la période allant d’octobre à décembre 2022, 58 % pèsent sur les forces de défense et de sécurité.Ce qui est énorme. Je crois qu’il appartient aux autorités étatiques de faire en sorte que les Faca opèrent de manière disciplinée, en ayant les moyens nécessaires pour mener à bien leurs missions sur le terrain », a fait savoir Yao Agbetse.
Un rapport qui n’épargne pas les alliés du gouvernement qui, selon l’expert indépendant de l’Onu, poursuivent des exactions contre les civils, mais aussi et surtout contre les représentants de l’Etat.
« Des traitements humiliants et dégradants »
« Il y a également les forces bilatérales. Lesquelles sont responsables d’enlèvements, de séquestration et d’exécution sommaire. Cela est inacceptable. Non seulement, ces exactions sont exercées sur les populations civiles, mais également sur les autorités locales dépositaires de l’autorité de l’Etat. Il s’agit par exemple des préfets, sous-préfets, des maires ou simplement des commissaires de police ou de gendarmerie victimes de traitement humiliant et dégradant », a regretté le diplomate onusien.
Par ailleurs, l’expert de l’ONU est monté au créneau contre les casques bleus de la Minusca qui, selon lui, se seraient rendus coupables de violations des droits de l’Homme. C’est le cas du contingent gabonais rapatrié, dont l’aboutissement du dossier ne le satisfait pas. Il dénonce aussi le laxisme du gouvernement centrafricain quant au suivi des dossiers judiciaires liés aux violations perpétrées par les alliés russes.
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