Une polémique s’instaure sur l’organisation et la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse en Centrafrique. Qui du Groupement des Editeurs de la Presse Privée et Indépendante) de Centrafrique (GEPPIC) et de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) est habilité à organiser cette journée dédiée aux professionnels des médias ?
Cette interrogation reste sans réponse à la veille du 3 mai, journée dédiée à la liberté de la presse dans le monde entier. Les deux organisations affichent des positions différentes. L’UJCA se prononce pour le report de cette journée. Elle justifie sa position par le fait qu’elle « coïncide avec la rentrée parlementaire de la 5ème Législature ». Pour sa part, le GEPPIC qui ne donne pas les raisons de sa décision, déclare qu’« il est hors de question que cette manifestation qui évalue les contraintes et avancées liées à la profession du journalisme dans le monde et en Centrafrique soit renvoyée».
Il faut ajouter à cette querelle un troisième larron. Il s’agit de la cellule de communication de la présidence de la République. Elle a mis en place un comité de gestion dans le but d’inviter le Chef de l’Etat centrafricain à recevoir les journalistes pour la circonstance.
Des sources concordantes font état d’un profit « financier » que chaque entité guette avec appétit. Toutefois, cette journée intervient à un moment où la presse centrafricaine traverse une crise sans précédent dans son histoire. « La division au sein du GEPPIC, la confection de la carte de la presse qui tarde à venir malgré la mise en place depuis belle lurette d’un comité de gestion », en sont quelques illustrations.
L’autre problème épineux qui demeure jusqu’aujourd’hui sans réponse est « la régularisation des conditions de vie descentes des journalistes. Ces derniers pensent avoir fourni assez d’efforts, notamment informer la population, pour une rémunération dérisoire, comparativement aux confrères de la sous région ».
Au nombre des difficultés que rencontrent les journalistes centrafricains en général et ceux de la presse privée en particulier dans l’exercice de leur fonction figure « une impossibilité d’accès aux sources d’informations gouvernementales ».
Certains font l’objet de « menace » de mort par venant de certaines personnalités politiques et militaires dés lors qu’il s’agit d’informations qui touchent leur domaine de prédilection. Pour preuve un journaliste de la télévision Nationale a été molesté par le représentant d’un candidat aux dernières législatives. Sa caméra a été endommagée. Un incident resté sans condamnation par les autorités du pays.
En dépit de ces aléas, les autorités centrafricaines sont entrain de mener des réformes pour un « climat attractif » de ce secteur. A titre d’exemple, « la mise en place du département de journalisme en partenariat avec l’Unesco, la dépénalisation des délits de presse ». Il est à souligner « qu’aucun journaliste n’a été mis en prison depuis ces 5 dernières années ». On enregistre quand même quelques cas d’arrestations « qui ne durent pas plus d’une semaine ».
Il faut souligner que cette journée a été instaurée par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1993, après la tenue du Séminaire pour le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste. Ce séminaire s’est déroulé à Windhoek (Namibie), en 1991, et a conduit à l’adoption de la Déclaration de Windhoek pour la promotion de médias indépendants et pluralistes en Afrique.