Dans la dernière édition de sa note sur la situation économique en République centrafricaine, publiée le 10 mars 2023, la Banque mondiale a mis un accent particulier sur l’agriculture. Selon l’institution financière, le pays peut efficacement réduire la pauvreté et booster son économie en engageant des réformes profondes dans le secteur agricole.
Selon le document publié par la Banque mondiale, « la République centrafricaine peut sortir des millions d’habitants de la pauvreté en transformant son secteur agricole vital, pour entraîner la croissance économique ».
A en croire les experts de la Banque mondiale, près de 75 % des Centrafricains, en particulier les femmes, vivent de l’agriculture, essentiellement avec des emplois informels. Cependant, le secteur a été freiné au cours des dernières années par « le manque d’investissement et de modernisation ainsi que par la faiblesse des infrastructures », constate le document intitulé « Se prémunir face aux risques croissants : apporter une réponse aux défis macro-budgétaires et libérer le potentiel du secteur agricole ».
Des réformes profondes pour revitaliser le secteur
Le document précise que plusieurs facteurs ont contribué à l’affaiblissement du secteur agricole en République centrafricaine.
« Il est urgent de mettre en œuvre des réformes profondes et soutenues pour revitaliser le secteur agricole, qui contribue de manière significative à la réduction de la pauvreté, en particulier à l’heure où l’économie centrafricaine fait face à des crises multiples. La hausse des prix des produits alimentaires et du carburant, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, les troubles politiques entraînés par l’adoption de la loi sur les cryptomonnaies, ainsi que l’impact de la guerre en Ukraine ralentissent la croissance économique en RCA, avec des risques orientés à la baisse », ont noté les experts.
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Pour cela, la Banque mondiale propose des pistes de solutions à travers des stratégies globales soutenues par des réformes concrètes.
«La RCA dispose d’abondantes terres arables et d’un climat favorable à l’agriculture et à l’élevage. Une stratégie globale soutenue par des réformes concrètes, permettrait de libérer le potentiel du secteur agricole, de protéger les moyens de subsistance, d’accélérer la croissance, de créer de l’emploi, et d’améliorer les conditions de vie des Centrafricains», a déclaré Guido Rurangwa, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la République centrafricaine.
Domaines prioritaire pour la relance
Cinq (5) domaines prioritaires sont ainsi identifiés pour transformer le secteur agricole centrafricain en « un moteur pour la croissance et la prospérité ». Selon les experts de la Banque mondiale, il faut renforcer le cadre réglementaire pour la finance agricole en mettant en place une base de données nationale des agriculteurs, faciliter l’accès au financement par des prêts ou crédits, faciliter l’accès au marché à travers la réhabilitation ou la construction des routes, élaborer d’un code agropastoral afin de guider l’acquisition et la garantie des terres agricoles, enfin, doter les agriculteurs en intrants et équipements nécessaires à leurs activités.
Des pistes de solutions qui peuvent constituer des projets
La partie centrafricaine, représentée par le Premier ministre, Félix Moloua et quelques membres de son gouvernement, soutient l’importance de mettre un accent particulier sur l’agriculture. Pour le gouvernement, ces pistes de solutions peuvent être traduites en projets.
« La situation économique passe par une revue de la situation globale sur le plan macroéconomique de la RCA avec tous les indicateurs et aussi, les données au niveau agricole. En synthèse, il y a des pistes de solutions qui peuvent servir de base de réflexion ou qui peuvent constituer des projets que le ministère de l’agriculture ou le gouvernement peuvent mettre en œuvre », a précisé Eric Rokossé Kamot, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.
Le rapport souligne l’importance du rôle des femmes dans l’agriculture en République centrafricaine. Elles y représentent plus de 78 % de la main-d’œuvre agricole : « Leur autonomisation est essentielle au bien-être des familles et des communautés rurales et à la productivité économique globale, ainsi que pour améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté », ont indiqué les experts de la Banque mondiale.
Mais pour le gouvernement, le document, même s’il fait le diagnostic du secteur agricole et propose des pistes de solutions, présente quelques manquements.
« Un document pessimiste »
« Certaines avancées économiques ou des efforts du gouvernement ne sont pas pris en compte. Donc, il est question d’intégrer tout le côté positif. Nous avons l’impression que c’est un document pessimiste où il n’y a aucune lueur d’espoir, alors qu’il devait nous servir de guide afin d’apporter des solutions concrètes dans le domaine de l’agriculture », a regretté Eric Rokossé Kamot, ministre de l’Agriculture et du Développement rural.
Les travaux, ayant abouti à la finalisation de ce rapport, ont débuté en 2021. Selon le document, les investissements publics dans le secteur agricole représentent moins de 3% des dépenses du secteur public, au cours de la dernière décennie.
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