En décembre 2022, le gouvernement a mis en place une ligne verte 1316 pour lutter contre la corruption devenue endémique dans le pays. Trois mois après son lancement, qu’est-ce que cela a donné ? Radio Ndeke Luka s’est intéressée aux activités de cette cellule.
L’opérationnalisation de cette cellule de veille est désormais une occasion pour les victimes de corruption de dénoncer cette pratique.
Service Call (SC) : Allô 1316, bonjour !
Plaignant (P) : « Oui bonjour »
SC : Que puis-je faire pour vous ?
P : « Je suis à Bimbo et je constate malheureusement que sur une barrière vers Nzila, les militaires exigent aux conducteurs des motos-taxis de leur verser de l’argent avant qu’ils ne passent et aucun reçu ne leur est délivré. »
SC : S’agit-il des militaires, des gendarmes ou des éléments de la police ?
P :« Je ne sais pas exactement. Mais juste des hommes en tenue »
SC : Ok. Nous prenons en compte votre plainte. Nous allons remonter l’information à nos supérieurs pour des procédures à suivre.
Il n’y a pas que les faits de corruption qui sont dénoncés à travers cette ligne verte. Un Centrafricain a appelé depuis Zémio pour évoquer des cas d’arnaque par téléphone qui prennent de l’ampleur dans la localité.
Transfert d’argent via Orange money
« Des arnaqueurs appelés communément kitandeurs sont à Zemio. Dès qu’ils ont ton numéro, ils t’appellent pour te demander d’aller voir une tierce personne chez qui tu prendras de l’argent pour le transférer à une autre personne via Orange money. Mais à la fin, tu ne vas pas retrouver la personne. Devant un tel fait, que peut-on faire » s’est questionné Issa, un habitant de Zémio.
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Sur place, celui-ci a reçu des orientations du service call.
« Ouvrir une enquête pour identifier les auteurs »
« Ce fait que vous venez de nous relater, vous pouvez aller l’exposer à la société Orange. Elle va retracer les numéros de ces arnaqueurs. Cela vous permettra de déposer une plainte à la gendarmerie. Laquelle va ouvrir une enquête pour identifier les auteurs qui pourront, par la suite, être rattrapés. Ainsi, vous pouvez être remboursé », a expliqué le standard du service call.
Sur plus de huit cent plaintes enregistrées en trois mois, les secteurs de la sécurité, de la santé et de la justice sont les plus touchés par cette pratique.
La défense et la sécurité sont les plus concernées
« Aujourd’hui plus de 50 % touchent beaucoup plus la défense, la sécurité sans pour autant oublier les questions de la santé et de justice qui représentent entre 8 et 10 % » a précisé William Mossoa, ministre conseiller à la Primature, chargé des nouvelles technologies.
Alors que le pays fait face à une tension de trésorerie, la corruption, elle, s’enracine davantage. Selon William Mossoa, plus de deux cent dossiers de faits de corruption sont traités à l’Inspection générale d’Etat et au niveau de la justice.
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