« Les commandants militaires rendaient directement compte à Patassé ». C’est le juge d’instruction centrafricain Panfil Oradima, interrogé comme témoin, qui s’est exprimé ainsi à la barre du Tribunal Pénal International (CPI). La déclaration a été faite mardi 3 mai 2011, à la Haye, lors de la reprise du procès de Jean-Pierre Bemba. Le témoin a évoqué à cet effet, l’enquête qu’il avait conduite suite aux affrontements de 2002 et 2003 en Centrafrique.
Au cours de son enquête, le juge Panfil avait entendu plus d’une centaine de témoins et victimes des affrontements. Il est revenu sur les données de ses enquêtes en rapport avec le commandement des troupes sur terrain, et sur les dépositions des victimes de viols.
Selon l’agence d’information Hirondelle, Oradima Panfil a ainsi affirmé à la barre de la CPI que « pendant les affrontements d’octobre 2002 à mars 2003, c’est le président Ange-Félix Patassé qui dirigeait les troupes militaires sur le terrain ». Selon les informations recueillies pendant ses enquêtes, il a aussi déclaré à la cour que « tous les commandants des forces qui combattaient la rébellion de François Bozizé rendaient compte au chef de l’Etat de l’époque. Sur le terrain, il y avait plusieurs groupes armés » a-t-il ajouté.
Oradima Panfil a fourni au procureur les noms des chefs militaires de l’époque. Il a estimé que la Cour « devrait les interroger pour comprendre le déroulement des opérations et le fonctionnement de la cellule de crise mise en place par le président Patassé ».
Il faut rappeler que Jean-Pierre Bemba est accusé de crimes contre l’humanité pour les viols, meurtres et pillages commis par ses hommes en Centrafrique. Sa milice avait été appelée en renfort par le président d’alors, Ange-Félix Patassé, menacé par une rébellion.
Le procès de Jean-Pierre Bemba a débuté le 22 novembre 2010.