Des archers Peuls Mbororo intervenant aux côtés des FACA, les forces armées centrafricaines. Des arcs contre les kalachnikovs. C’est le spectacle auquel on pourrait assister prochainement dans la zone minière de Bangassou (est de la RCA). En effet, dans le cadre de la lutte contre les attaques de LRA (Armée de Résistance du Seigneur), 25 archers, tous Peuls Mbororo viennent d’être recrutés.
Ils vont travailler à sécuriser les localités en collaboration avec l’armée centrafricaine. Selon le correspondant de Radio Ndeke Luka à Bangassou, l’initiative de faire appel à ces archers considérés comme redoutables dans le maniement de l’arc et craints pour leurs pouvoirs mystiques, viendrait des sociétés exploitant le diamant et dont les activités sont perturbées par les exactions de la rébellion ougandaise présente dans la région depuis plusieurs années.
Le correspondant de la radio explique encore que pour faire appel à un groupe d’archers, le ministère des Mines et celui de la Défense, ont donné leur accord.
Cette intervention d’archers pour des raisons de sécurité, n’est pas chose nouvelle en Centrafrique. Il faut rappeler que dans le Nord, et devant l’incapacité des FACA à intervenir en brousse contre les Zaraguinas (coupeurs de route), les éleveurs ont dû rapidement s’organiser pour se défendre par eux-mêmes.
Les maires de communes d’élevage ont créé des groupes d’autodéfense armés d’arcs et de flèches empoisonnées pour protéger les troupeaux et intervenir à la place des autorités contre les coupeurs de route.
A présent, chaque commune d’élevage possède des compagnies d’archers qui assurent la sécurité des zones de pâturage. Les archers possèdent tous un « blindage » constitué d’amulettes qui les protègent contre les balles des armes automatiques utilisées par les Zaraguinas. Forts de cette « protection », leur détermination et leur intrépidité mettent souvent en déroute ces bandits de grand chemin.
Ces archers ne sont toujours pas reconnus par l’Etat Centrafricain, ils n’ont aucun statut ni aucune protection sociale. Seule la générosité des autres éleveurs et des maires de communes d’élevage leur permet de financer les missions de sécurisation.