A Sibut dans la préfecture de la Kémo, les grossesses précoces prennent de l’ampleur chez les jeunes filles. Plusieurs d’entre elles rencontrent très souvent des complications pendant l’accouchement. Ces grossesses sont aussi l’une des causes de décès chez les filles de moins de 18 ans et du taux élevé de la déperdition scolaire. Une situation qui inquiète les parents et les autorités sanitaires.
Selon plusieurs témoignages recueillis par Radio Ndeke Luka, de nombreuses filles âgées de 14 à 17 ans tombent enceintes chaque année après avoir, pour la plupart des cas, abandonné le chemin de l’école. Une énorme préoccupation pour les parents et les spécialistes de la santé.
« Je suis vraiment écœurée de cette attitude »
« Ma fille a été enceintée par un homme qui a reconnu les faits. Mais quelques temps après, sa mère a chassé ma fille de leur maison. Admise en 6e, aujourd’hui elle ne fréquente pas à cause de cette grossesse. Je m’apprête à engager une poursuite judiciaire. Je suis vraiment écœurée de cette attitude », a déploré Béatrice, mère d’une mineure enceinte.
Selon des sources sanitaires, entre janvier et mai 2023, près d’une centaine de filles de moins de 18 ans ont eu des complications liées à la grossesse et à l’accouchement.
« Il peut survenir des déchirures »
« Lors de l’accouchement, lorsque le fœtus ne peut pas sortir, il peut survenir des déchirures. Il y a également le manque d’effort pour pousser l’enfant. Ce qui amène généralement à la césarienne. Il peut arriver qu’on fasse de l’épisiotomie pour élargir la vulve avant la sortie du fœtus », a fait savoir Honorine Nguimabi, une sage-femme.
Plusieurs plaintes, liées aux grossesses précoces, ont été enregistrées cette année à Sibut. Pour les spécialistes, les raisons sont multiples.
« Parfois, ce sont les parents qui offrent leurs filles »
« Lorsqu’une mineure voit une autre fille en train de gagner de l’argent voire de se procurer des biens, pour elle, c’est le bon chemin. Ainsi, en suivant celle-ci, elle s’expose à ce fléau de grossesses précoces. Parfois, ce sont les parents qui offrent leurs filles aux hommes », a indiqué Pierre Ngoalissio Ngoa-Gbaka, chef de secteur des Affaires sociales.
Ainsi, pour réduire les cas de grossesses précoces dans la ville, les leaders communautaires demandent aux pairs éducateurs de multiplier les sensibilisations. Ceci, à travers des conférences-débats sur la sexualité en milieu scolaire voire dans les lieux de culte.
-A écouter aussi : Mutilations génitales : quelles conséquences sur la santé de la femme ?