Les députés centrafricains ont adopté, ce 29 mai, par acclamation, la loi sur la tokenisation des ressources naturelles et foncières de la République centrafricaine. Un projet défendu par le gouvernement malgré les réserves de certains élus de l’opposition, membres de la Commission Finance.
La tokenisation des ressources naturelles et foncières de la République centrafricaine est un moyen numérique et technique permettant de vendre des ressources naturelles du pays, notamment les forêts, étendues de terre et produits agricoles…
Malgré les réserves émises par certains députés de l’opposition, notamment Anicet Georges Dologuele, Martin Ziguele et Rachel Ngakola, le ministre des Mines et de la Géologie voit en cette adoption la vulgarisation de l’investissement.
« Nous allons désormais exposer ces richesses »
« Auparavant, nos ressources naturelles et minières n’étaient pas connues de par le monde. Mais à travers la technologie de Blockchain, nous allons désormais exposer ces richesses en vue d’attirer les investissements directs étrangers voire des investissements privés locaux. Pour nous, c’est la démocratisation de l’investissement », a soutenu Rufin Benam Beltoungou, ministre des Mines et de la Géologie.
Saluant ce vote, le Front républicain, organisation proche du pouvoir, affirme que celui-ci permettra à l’Etat de renflouer ses caisses.
« Elle aidera à mobiliser les ressources »
« Le Front républicain salue l’adoption, par les élus, de la loi sur la tokenisation. Cette initiative salutaire permettra à la République centrafricaine de garnir son portefeuille et de faire valoir ses matières premières stratégiques. Elle aidera à mobiliser les ressources financières nécessaires pour le développement du pays », s’est réjoui Héritier Doneng, coordonnateur du Front républicain.
Cependant, dans les rangs de l’opposition démocratique, cette loi est un mauvais choix. Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) dénonce une occasion pour le gouvernement de brader aux étrangers les ressources du pays.
« Un moyen mis en œuvre pour spolier le pays »
« C’est un véritable hold-up sur le patrimoine du peuple centrafricain. Un moyen mis en œuvre pour spolier la République centrafricaine de ses ressources naturelles dans des conditions opaques ; car ces biens seront vendus à des personnes qui ne sont pas connues du fisc centrafricain. C’est une démarche antipatriotique, antirépublicaine, antidémocratique », a dénoncé Martin Ziguélé, porte-parole du BRDC.
S’alignant sur la même logique du BRDC, la Marche pour la démocratie et le salut du peuple (MDSP) craint que cette loi compromette l’avenir de la jeunesse.
« Cette loi est dangereuse pour nos mines »
« Les députés viennent de délivrer au président Touadéra et son gouvernement un véritable permis pour brader nos ressources naturelles. C’est l’avenir de nos enfants qui se trouve hypothéqué. Je suis grandement inquiet. Cette loi est dangereuse pour nos mines. Elle n’a pas à entrer dans l’ordonnancement juridique », a condamné Dominique Désiré Erenon, président du MDSP.
En août dernier, la Cour constitutionnelle avait annulé la vente de la nationalité et des ressources naturelles à travers le projet Sangocoin. La présidence de la République avait pris acte de cette décision 48 heures après.