Le trafic d’organes humains inquiète de plus en plus les habitants de la Sangha-Mbaéré. Face à ce commerce illicite, qui semble devenu une activité lucrative normale, les autorités locales sortent du mutisme. Elles ont effectué, du 26 au 28 juin, une mission de terrain à Nyantchi, ville située à 75 kilomètres de Nola à la frontière avec le Cameroun. Objectif, mettre en place des stratégies pour combattre ce fléau.
Le but de ce travail de terrain est de sensibiliser les notables de la région sur le danger que représente le trafic d’organes humains. Il vise également à trouver une solution pérenne au problème, devenu monnaie courante dans la partie Sud-ouest de la République centrafricaine.
Pour les autorités locales, ne rien faire est synonyme de quitus à cette pratique dont les principaux acteurs sont des ressortissants étrangers. D’où nécessité d’appeler les forces de sécurité à plus de vigilance.
Attirer l’attention des porteurs de tenue
« La première des choses, c’est de sensibiliser la population afin qu’elle soit vigilante. Attirer également l’attention des porteurs de tenue de se mobiliser et prendre leur responsabilité », a indiqué Alain Bikoua, 1er adjoint au maire de Bilolo.
-Lire aussi : Centrafrique : la fabrication artisanale de l’huile de palme, un moyen de subsistance à Nola
Selon des sources locales, pour se procurer des ossements humains, les trafiquants exhument, à l’insu du public, les restes humains dans les cimetières. Ce qui impacte même le fonctionnement des services publics.
« Plusieurs femmes refusent de venir à l’hôpital »
« Sur cette affaire, j’ai mis en garde mon équipe. Car, cela ternit l’image de nos prestations au niveau de l’hôpital. Aujourd’hui, par exemple, plusieurs femmes refusent de venir à l’hôpital. Celles-ci craignent qu’on fasse le trafic de leur sang et des placentas de leurs bébés. C’est pourquoi, j’ai convoqué tout le personnel pour alerter sur la question », a fait savoir Jean Jacques Koyano, chef du centre de santé de Bilolo.
Dénonçant cette pratique qui prend de l’ampleur, les autorités pointent du doigt certains jeunes d’être de connivence avec les trafiquants.
« Ils sont autre que nos propres enfants »
« Il y a les localités de Nyantchi et Liboko qui sont touchées par ce phénomène. Ce qu’il faut faire, c’est de demander à la population d’aider les services de sécurité qui sont au niveau de la frontière. Puisque ces trafiquants, avant de passer la frontière, contactent des indicateurs qui sont autres que nos propres enfants », a soutenu Geneviève Chour-Gbadin, sous-préfète de Nola.
Les autorités de la Sangha-Mbaéré s’engagent à poursuivre cette lutte dans les communes de Salo et Nola, frontalière avec la République du Congo.
-Lire aussi : Centrafrique : la rivière Mambéré, source de revenus pour de nombreux jeunes de Nola