Quelques jours après la publication du rapport de l’ONG The Sentry sur les activités du groupe Wagner en République centrafricaine, le gouvernement réagit avec véhémence. Pour les autorités centrafricaines, ce rapport n’est autre qu’une stratégie de l’occident visant à discréditer et déstabiliser le pays.
Dans ce document, publié fin juin et relayé par plusieurs médias occidentaux, l’ONG américaine accuse le Groupe Wagner de mener de violentes campagnes militaires pour chasser les rebelles et des civils. Ce, selon le rapport, dans l’objectif de prendre le contrôle des chantiers miniers et de faire des pillages.
The Sentry affirme qu’avec l’échec des négociations entre les Russes et certains chefs de groupes armés du pays, le Groupe Wagner a profité de la contre-offensive gouvernementale contre la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) afin d’étendre les opérations militaires aux chantiers d’or et de diamant.
« Plusieurs sites miniers sous contrôle »
The Sentry fait savoir que : « depuis l’offensive des forces russes contre la CPC, plusieurs voix déplorent des meurtres et pillages systématiques à l’encontre de civils et collecteurs artisanaux ». Le rapport ne donne pas de statistiques mais, atteste que le Groupe Wagner contrôle un nombre inconnu de sites miniers dans l’Ouest et l’Est de la République centrafricaine, notamment à Boda, Abba, Bria, Sam Ouandja et Ndassima, citant comme exploitants les entreprises Lobaye Invest, Midas Ressources et Diamville.
A en croire l’ONG, plus de 300 sources affirment que le Groupe Wagner « utilisait » en même temps son personnel, des unités de l’armée nationale, des ex-miliciens et ex-rebelles pour servir ses intérêts privés.
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Le problème crucial, selon The Sentry, c’est l’incapacité du gouvernement centrafricain à contrôler efficacement l’action du Groupe Wagner sur les richesses minières du pays. Face à ce rapport, la réaction du gouvernement centrafricain ne s’est pas faite attendre. Dans une déclaration, le 30 juin dernier, le ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement a qualifié ce rapport de stratégie de déstabilisation du pays, émanant d’un instrument du néocolonialisme.
« Les relations entre maître et esclave sont révolues »
« Le monde a changé, l’Afrique a changé et la République centrafricaine a changé. Nous continuons à exhorter nos partenaires de l’occident à changer de paradigme, à cesser de nous regarder d’en haut, en donneurs de leçons. Les relations entre maître et esclave sont révolues. Les allégations contenues dans le rapport de l’enquête prouvent à suffisance la rage de noircir la RCA, de discréditer tous les efforts fournis pour sortir notre pays de la crise », a réagi Maxime Balalou, ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement.
Ce rapport de l’ONG The Sentry n’est pas le premier. Cette organisation américaine avait, en août 2021, publié un document accablant le géant français Castel d’avoir financé des éléments du groupe armé de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) afin de protéger ses installations à Ngakobo dans la préfecture de la Ouaka.
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