Le Département des sciences de l’information et de la communication de l’université de Bangui a été au cœur de l’actualité ces derniers jours. En cause, une séance de cours de la 1ère année a été perturbée, samedi 22 juillet, sur fond de révélations d’une étudiante. Cette dernière a dénoncé un harcèlement sexuel de la part de son enseignant.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est une altercation verbale en salle de classe entre une étudiante et son professeur au Département des sciences de l’information et de la communication. Téléphone connecté par Bluetooth à une enceinte sonore, l’étudiante fait lire les conversations téléphoniques entre son prof et elle. Une affaire rocambolesque.
« Ce jour-là, on n’a pas pu faire cours »
« En plein cours, elle lève le doigt pour poser une question. Cependant, le professeur a refusé. Tellement que la fille a insisté, il y a eu une escalade verbale entre les deux. Ce jour-là, on n’a pas pu faire cours. Ce que je peux comprendre, les 2 ont eu à partager un moment », indique un étudiant.
Radio Ndeke Luka ne s’est pas limitée à ces déclarations et témoignages. Elle a contacté l’enseignant et l’étudiante. Le professeur reconnaît avoir eu des relations intimes avec l’étudiante « par consentement », tout en indiquant que cette dernière a agi ainsi après la rupture de leur relation. L’enseignant promet de déposer plainte pour diffamation. De son côté, l’étudiante nie avoir eu une relation avec l’enseignant, insistant qu’elle a été harcelée. Néanmoins, elle certifie avoir été en compagnie de son enseignant à plusieurs reprises pour des fins professionnelles.
Que disent les responsables du département ?
Radio Ndeke Luka a contacté le responsable du département. Ce dernier affirme avoir été informé des faits.
« Je lui ai demandé qui harcèle qui ? »
« Un journaliste de « Oubangui-Media » est passé me voir pour me dire qu’il y a des cas de harcèlement dans mon département. Je lui ai posé la question de savoir qui harcèle qui ? Il m’a donné le nom d’un enseignant qui aurait créé un groupe WhatsApp où figurent des étudiants de L1. Et c’est dans ce groupe que ce dernier harcèle les étudiantes. Lorsque j’ai demandé au professeur, il a nié l’information », affirme Jean-Claude Redjemé, chef du département des sciences de l’information et de la communication.
Déjà, six (6) étudiantes sont mises à l’écart. Elles et l’enseignant mis en cause sont convoqués en conseil de discipline, mercredi 26 juillet, à l’Université de Bangui. On attend de connaître l’issue de l’affaire.
Cette affaire ne date pas d’aujourd’hui
Radio Ndeke Luka a ouvert une enquête sur ce dossier il y a plusieurs mois. Elle attendait justement de recouper toutes les sources crédibles. Toutefois, quelques étudiantes rencontrées se disent victimes de cette pratique.
« J’ai été victime. C’est ce qui se passe généralement. Certains enseignants font des avances aux filles et si celles-ci ne veulent pas, ils les menacent. Une fois, un professeur m’a envoyé des messages, il m’a fixé des rendez-vous. Mais vu que j’ai refusé, il a menacé de me casser les pieds », témoigne une étudiante.
« Le professeur nous a invités, ma copine et moi. Lorsque nous sommes arrivés, il a commencé à la harceler. La fille a refusé. Il lui dit : si tu ne cèdes pas, oublie le département. Après, la fille a abandonné le département. Ce même professeur m’a invalidé à sa matière. Les profs se soutiennent entre eux », témoigne un étudiant.
Ces témoignages laissent croire que le harcèlement sexuel bat son plein au sein de l’Université de Bangui. Les victimes dans la plupart des cas se taisent par peur.
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