La multiplication des hippopotames dans la rivière Ouham met à mal les activités agricoles aux abords de ce cours d’eau. Ces mammifères, devenus nombreux ces derniers temps, détruisent les plantations. Les agriculteurs se plaignent de la destruction de leurs champs mais ne peuvent rien contre cette espèce protégée.
A 9 kilomètres de Bossangoa sur l’axe Ouham-bac, les dégâts sont énormes. Dans un champ où sont passés ces hippopotames, Marthe, une veuve quinquagénaire, redresse quelques tiges de manioc à moitié broyées et ramasse une poignée de gousses d’arachide piétinées.
« Je ne sais quoi faire avec dix enfants à ma charge »
« Je dois la vie à ce champ, mais les hippopotames viennent de tout détruire. Je ne sais quoi faire avec dix enfants à ma charge. L’un est en classe de sixième et l’autre en terminale. Comment leur procurer des cahiers et des habits ? », s’inquiète Marthe.
Non loin de là, à quelques dizaines de mètres, l’air furieux, un agriculteur injurie et maudit ces animaux aquatiques. Ces bêtes ont dévasté son champ d’arachide d’environ un demi-hectare en pleine floraison.
« Que mangera ma famille » ?
« C’est mon seul espoir pour payer les cahiers à mes enfants pour cette rentrée scolaire. Pendant la nuit, j’allume le feu pour protéger le peu qui me reste mais ces animaux me chassent régulièrement. Je lance un appel à l’endroit du gouvernement pour qu’il pense à moi. Que mangera ma famille ? Je ne sais quoi faire », se plaint Sidilaire Feïkoumon, un agriculteur.
Dans un rayon de 3 kilomètres de la rivière Ouham, le décor est le même. Des feuilles d’arachide, des plantes rampantes, des tiges de maïs et de manioc s’entremêlent. Bienvenu Nambokinena, un fermier de Bossangoa, regrette d’avoir cultivé son champ à cet endroit.
« Nous semons pour les hippopotames »
« Quand nous semons, ce n’est pas nous qui récoltons. Nous semons pour les hippopotames. Quand nous semons 1 à 3 hectares et que cela commence à germer, les hippopotames viennent tout détruire. Nous avons contacté les autorités, notamment celles qui s’occupent des eaux et forêts. Jusqu’à présent, nous n’avons pas de solutions », regrette Bienvenu Nambokinena.
Face à cette situation, les victimes de cette destruction se sont constituées pour déposer plainte. Une requête jugée légitime par Etienne Nguérétoum, directeur régional des eaux et forêts. Il affirme l’avoir transmise au tribunal de Bossangoa pour compétence.
L’hippopotame fait partie des espèces rares de la faune centrafricaine protégée. Seule, la justice a compétence de se prononcer sur cette affaire. Désormais, les victimes ont les regards tournés vers le tribunal de grande instance de Bossangoa.
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