Après avoir servi durant des années dans les rangs de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), plusieurs centaines d’ex-combattants, natifs de Zémio (Sud-est de la RCA), se disent abandonnés à leur triste sort. Traversant de difficiles conditions faute d’un projet de réinsertion locale, la présence de ces rescapés, selon les autorités locales, constitue un danger permanent.
En parcourant un quartier de Zémio, Radio Ndeke Luka rencontre deux (2) jeunes dames, âgées respectivement de 19 et 21 ans. Ces dernières ont été enrôlées de force au village Tabane 1, situé à environ 25 kilomètres de Zémio par la LRA de Joseph Kony.
La première a passé sept ans avec les rebelles ougandais entre la République centrafricaine, le Soudan du Sud et la République démocratique du Congo. La seconde, quant à elle, a passé quatre ans dans la jungle. Elles appellent à l’aide.
« Je demande une aide pour ma survie »
« Moi, j’ai passé 4 ans avec ces rebelles. Nous avons parcouru plusieurs pays que nous ne connaissions pas. Nous avons également subi des tortures et de la maltraitance. J’ai été traitée comme esclave sexuelle. Ils m’ont poussée à commettre des meurtres. Je demande une aide pour ma survie », a témoigné une ex-combattante.
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Dépourvue de moyens appropriés pour pouvoir réinsérer ces anciens combattants de la LRA, l’Union d’assistance aux orphelins et enfants vulnérables, une ONG locale, a pu recenser plusieurs dizaines d’entre elles.
« Elles souhaitent être formées »
« Nous avons enregistré 12 jeunes filles mères, dont 2 en grossesse puis 25 enfants. Ces femmes ont encore des cicatrices visibles sur leur corps. Elles souhaitent aujourd’hui être formées avant leur réinsertion dans la société. Car elles ont enduré de dures épreuves ; si bien qu’elles ne souhaitent plus partir », a fait savoir Gertrude Gadepa, coordonnatrice de l’Union d’assistance aux orphelins et enfants vulnérables.
Pour les autorités locales, qui déplorent la situation que traversent ces rescapés de la LRA, la présence de ces anciens combattants dans la localité constitue un danger pour la sécurité.
« Ils sèment la terreur au sein de la population »
« Ils sont des milliers et souvent difficile à dénombrer. Ceux qui ont servi dans les rangs la LRA et qui ont été ramenés ici, deviennent un fardeau pour la population. Ils ravissent les biens des habitants et sèment la terreur au sein de la population à la tombée de la nuit », a déploré Aroun Bi-Ndjobdi, sous-préfet, de Zémio.
En juillet 2023, deux vagues d’éléments désarmés de la LRA ont été rapatriées en Ouganda. Cette opération met un terme à plus de 15 ans de règne de cette rébellion ougandaise dans la partie Est de la République centrafricaine.
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