Certaines administrations publiques à Bangui tournent au ralenti faute d’électricité. Illustration au building administratif qui abritent cinq ministères en son sein.
Dans les couloirs et bureaux, le travail a cédé la place à la causerie et à l’ennui. Ce lundi 2 octobre 2023, alors qu’il n’est que 11h, le personnel du ministère du commerce est resté inoccupé pendant 2 heures depuis la coupure d’électricité intervenue dès l’entame des services.
Au building administratif, les fonctionnaires et agents de l’Etat des cinq ministères qui y sont logés peinent à remplir les 8 heures du travail exigées par la loi à cause du délestage récurrent. Ils travaillent en moyenne 3 heures sur 8 par jour. Certaines tâches sont réalisées hors du cadre public. Un risque d’infiltration et de perte confidentialité de l’administration publique.
Risque de falsification
Romaric sort pour prendre de l’air avant l’heure de la pause. « Nous ne pouvons pas travailler », lâche ce fonctionnaire, répondant à la question de Radio Ndeke Luka de savoir pourquoi il veut sortir avant l’heure. Arguant, « Il n’y a pas d’électricité et nous ne pouvons pas travailler parce que tout est basé sur nos ordinateurs ».
Par souci parfois de faire avancer les choses, les fonctionnaires logés au building administratif prennent des initiatives risquées. « Nous sommes obligés des fois de sortir pour effectuer certaines tâches (saisie et impression). Mais c’est une manière de trahir l’administration parce que les gens peuvent falsifier nos documents », a reconnu ce fonctionnaire du ministère des finances.
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Le délestage freine aussi le travail du personnel du ministère de l’éducation. Avec le lancement de l’année scolaire, augmentant le volume des services, les employés n’arrivent pas à traiter certains dossiers comme il se doit.
« Souvent quand des usagers viennent pour avoir des informations sur la base des données, nous ne pouvons pas travailler avec nos ordinateurs. Du coup, certains pensent que c’est de notre faute. Et surtout qu’avec la rentrée scolaire, nous avons beaucoup à faire », a précisé une fonctionnaire sous couvert de l’anonymat.
« L’électricité ne vient que la nuit… précisément vers 16, pendant qu’on cherche à partir, déplore un autre agent. Il ne comprend pas pourquoi la ligne du building n’est pas associée à la ligne de la présidence ou de l’hôpital général », s’est-il interrogé.
Ce problème d’électricité perdure depuis 2018 juste après la remise officielle du building administratif réhabilité et équipé par la coopération chinoise.
Quelle solution ?
Selon nos informations, le gouvernement centrafricain sur initiative du ministère du commerce, s’est convenu avec la Corée du Sud pour doter le building administratif des panneaux solaires. Les travaux prévus de durer quatre mois pourraient être lancés cette semaine selon d’autres sources au ministère du commerce.
Le building administratif dispose d’un groupe électrogène légué par les chinois lors de la réhabilitation du bâtiment. Mais ce générateur manque cependant de carburant. En attendant l’installation des panneaux solaires, les fonctionnaires plaident pour la dotation de cette source d’énergie en carburant, comme le souligne Blaise, un agent : « Les Chinois ont installé un groupe électrogène qui devait prendre le relais en cas de coupure. C’est le problème d’approvisionnement en carburant qui se pose. Franchement le gouvernement doit faire quelque chose pour remédier à ce problème de carburant ».
Aucun des cinq ministères logés au building administratif ne dispose de fonds de carburant ? Personne n’a voulu répondre à cette question. Le type de budget encore appliqué en République centrafricaine est le budget moyen. Pour ce cas, une part forfaitaire de fonds est attribuée à chaque ministère sans tenir compte de ses besoins. Le gouvernement compte migrer vers le budget programme (d’ici 2025) pour pouvoir laisser l’opportunité à chaque département de demander de fonds en fonction de ses besoins et les justifier à la fin de l’exercice budgétaire.
En attendant, l’absence de l’électricité est un handicap pour la performance et l’efficacité des services publics. Ce problème survient à un moment où le gouvernement a annoncé l’amélioration dans la distribution de l’électricité, grâce aux centrales de Danzi et de Sakaï réalisées par les chinois.
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