Centrafrique : difficile réinsertion des ex-combattants de la LRA à Zémio©Droits réservés
Des combattants de la LRA dans le Nord-ouest de l'Ouganda

Centrafrique : difficile réinsertion des ex-combattants de la LRA à Zémio

Les ex-combattants locaux de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), de Zémio dans la préfecture du Haut Mbomou (sud-est) se plaignent. Sortis du maquis, ils manquent le nécessaire pour affronter leur nouvelle mode de vie, pendant qu’ils sont victimes de stigmatisation au sein de la communauté.

Le 28 septembre 2023, les gouvernements centrafricain et ougandais ont organisé un rapatriement volontaire (3ème et dernière vague) des ex-combattants de l’Armée de résistance du seigneur (LRA). Soixante et une personnes (ex-combattants et leurs dépendants) ont été conduites de Mboki en Centrafrique à Entebbe en Ouganda, après une quinzaine d’années dans la rébellion en terre centrafricaine. Si les membres expatriés de la LRA rentrent chez eux, ceux qui ont intégré cette rébellion sur plan local broient le noir. C’est le cas des ex-combattants de Zémio.

Selon les informations de Radio Ndeke Luka, les ex-combattants de la LRA natifs de Zemio, font face entre autres au problème de prise en charge, au manque de loyers, de presque toute mesure d’accompagnement pouvant faciliter leur réinsertion.

Témoignages

Onizine, kidnappée par les éléments de la LRA a passé plus de dix ans dans cette rébellion. Sortie en 2021, elle indique qu’elle se porte bien mais se dit confrontée au défi de réintégration : « Nous nous portons bien sauf que nous n’avons pas de maison. Nous ne sommes pas à l’aise dans nos familles d’accueil », dit-elle, poursuivant qu’« il est difficile de trouver à manger. Nous n’avons reçu aucune aide. Nous voulons qu’on nous bâtisse des abris et qu’on nous donne un peu d’argent pour nous occuper de nos enfants ».

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Onizine n’est pas seule dans ces conditions. On compte plusieurs centaines d’ex-combattants démobilisés de la LRA à Zémio. En plus du nouveau rythme de vie difficile, ils doivent faire face à la stigmatisation. « Il y a la stigmatisation qui est restée au sein de la communauté ce qui nous met à l’écart. Nous n’avons pas accès aux choses qui se passent en public. Quand nous nous promenons, il y a des gens qui nous doigtent et disent voilà un « Tongo-Tongo – membre de la rébellion de la LRA[ndlr] ». Les autres sont partis et il est resté. En tout cas, cela nous préoccupe et nous met mal à l’aise », a dénoncé Crépin, un autre ex-combattant.

Des autorités locales préoccupées ?

Les autorités locales de la ville de Zemio témoignent que ces ex-éléments de l’Armée de résistance du seigneur vivent dans une précarité. L’adjoint au maire Ousmane Vody évoque un manque de prise en charge. Le sous-préfet de Zémio, lui, compte sur un projet proche du gouvernement pour faciliter la réintégration de ex-combattants qui sont parfois « menaçants et violents ».

« Ceux qui sont restés à Zemio ont beaucoup de soucis parce qu’ils ne sont pas pris en charge. Des femmes et enfants des LRA sont restés tout comme leurs captifs qui ont passé des années dans le maquis », témoigne Ousmane Vody.

« Il y a des hommes, des femmes et des enfants qui ne sont pas pris en charge. Ils se sont éparpillés dans les villages et la ville. Ils sont entre 300 et 350. Et en débandade. Ils sont habitués avec les armes et sont beaucoup menaçants et violents », reconnait Aroun Bi-Djopdi, sous-préfet de Zemio.

Ces ex-combattants, natifs de Zemio et de ses environs ont été enrôlés dans l’armée de résistance du seigneur LRA de l’ougandais Joseph Kony pendant plus de dix ans. Ils ont abandonné le maquis en 2021 pour réintégrer la société civile.

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