C’est deux mots en sango, la langue nationale de la RCA : FINI KODE. Ce qui veut dire « la nouvelle manière de faire ou la nouvelle manière de pratiquer ». Fini Kode est un nouveau mouvement de la société civile centrafricaine. Il vient de publier un manifeste demandant l’adhésion de tous les centrafricains à ses idées. L’objectif est bien souligné. C’est la renaissance d’une République Centrafricaine animée de l’esprit Fini Kode.
Le manifeste dresse un sévère état des lieux. On y lit que plus de 50 ans après l’accession de la RCA à l’indépendance, le peuple n’a connu que déception et désillusion ; que le bilan dans tous les domaines est catastrophique ; que les promesses répétées d’une société juste, moderne, prospère et harmonieuse ne se sont pas réalisées.
Le manifeste souligne que la République Centrafricaine, malgré ses nombreuses potentialités en ressources naturelles nettement supérieures à beaucoup d’autres pays africains, demeure en queue de peloton au niveau de l’indice de développement humain du PNUD. Autrement dit, ni la souveraineté politique encore moins l’indépendance économique et sociale de notre pays ne sont assurées.
Aucun des régimes n’a pu prendre un véritable tournant décisif pour impulser le pays sur la voie du développement social durable. La corruption, le détournement des fonds et des biens publics, les abus de confiance, en sont les désastreuses conséquences.
Dans ce manifeste, les partis politiques en prennent aussi pour leur grade. Une multitude de partis à l’idéologie indéterminée, prête à tisser des alliances au gré de leurs intérêts du moment. Ces formations politiques à la tête desquelles se trouvent des leaders versatiles, cupides et sans conviction ont complètement faussé et tronqué le jeu politique qui consiste à proposer une véritable alternance.
Que dit le manifeste de l’intelligentsia centrafricaine ? Qu’elle a lamentablement échoué. Qu’elle est muette, qu’elle n’aspire qu’à la tranquillité qu’offre la proximité du pouvoir. Qu’elle ne joue pas son rôle d’avant-garde, de précurseurs d’idées, de leaders d’opinions.
Le Manifeste propose des solutions qui se veulent innovantes et pragmatiques. Fini Kode invite à une rupture avec la mentalité de soumission. Le Centrafricain, explique le manifeste, a intégré dans son comportement le réflexe de la soumission au point de ne pas revendiquer son propre droit.
Cette résignation et ce sentiment d’impuissance sont si profonds que les centrafricains sont habitués à attendre très peu de leurs gouvernants, par conséquent à fournir peu d’efforts.
Les problèmes sont nombreux et variés. Ce qui favorise et développe, selon le manifeste, une culture de fatalité, de refuge systématique dans des confréries et autres sectes confessionnelles.
Le mouvement Fini Kode proclame son refus du clanisme, de la pauvreté, de la misère sous toutes ses formes et érige le pragmatisme, la citoyenneté, l’équité en méthode de fonctionnement. Elle veut promouvoir les valeurs morales, le mérite, la compétence, l’équité, la laïcité et le droit.
Bref, Fini Kode invite à un nouveau départ : gérer mieux et autrement la Centrafrique.