Elles sont absentes des statistiques, inaperçue par les chercheurs, négligée par les autorités nationales et locales. Souvent elles sont ignorées par les organisations de la société civile. Il s’agit des veuves. Ce 23 juin, l’ONU initie la journée internationale de la veuve. C’est la première du genre. Une résolution avait été adoptée par consensus en décembre 2010, sur proposition du Gabon.
Le but de cette journée est de sensibiliser l’opinion et d’obtenir une meilleure défense des droits des veuves dans le monde est primordial à plus d’un titre.
Des millions de veuves dans le monde vivent dans une pauvreté extrême, subissent l’ostracisme et la violence, connaissent la privation de logement, sont confrontées à la maladie et à la discrimination juridique et sociale. Dans la réalité leur situation est invisible. Pourtant, la maltraitance dont elles sont victimes en Afrique représente l’une des plus graves violations des droits de l’homme et l’un des principaux obstacles au développement aujourd’hui
D’abord par l’ampleur méconnue du drame silencieux que vivent de nombreuses veuves. Elles sont 245 millions dans le monde et plus de 100 millions d’entre elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Discriminées, déshéritées, accusées de sorcellerie, expulsées du domicile conjugal, violées ou mariées de force à un autre membre de la famille, leur situation est souvent plus que désastreuse.
Une fois devenues veuves, les femmes dans de nombreux pays sont privées du droit d’hériter et des droits fonciers et forcées de pratiquer des rites dégradants liés au deuil et à l’enterrement et subissent d’autres formes de violences à l’égard des veuves.
Les veuves sont souvent expulsées de leurs maisons et maltraitées. Celles de Centrafrique n’échappent pas à la règle. Ici comme ailleurs sur le continent, le statut social de la femme est inextricablement lié à celui de son mari, en sorte que lorsque celui-ci décède, elle perd la place qui lui revient dans la société. Pour nombre d’entre elles, la perte d’un mari n’est qu’un premier traumatisme subi dans l’attente d’autres épreuves qu’elle doit endurer à long terme.
Le veuvage est stigmatisé et perçu comme source de honte. Dans certaines cultures, les veuves, croit-on, sont maudites et sont mêmes associées à la sorcellerie. Ces fausses idées font que les femmes sont victimes d’ostracisme, de mauvais traitements et bien pire que cela.
Les enfants de veuves sont souvent affectés, émotionnellement autant qu’économiquement. Les veuves mères qui subviennent seules aux besoins de leurs familles, sont obligées de retirer leurs enfants de l’école et de compter sur leur force de travail. En outre, les filles de mères veuves risquent de subir de multiples privations, accroissant ainsi leur vulnérabilité face aux abus.
De telles pratiques cruelles sont souvent considérées comme justifiées en termes de pratiques culturelles et parfois religieuses.
En Centrafrique, il existe une association des veuves. Elle est dirigée par Mme Martine Otto (voir rubrique Invité).