Viols en série de mineures à Bangui, traumatisme à vie

Viols en série de mineures à Bangui, traumatisme à vie

Encore le démon de midi ? Un colonel de la douane est en garde à vue à la Brigade de recherche et d’investigations à Bangui. Il est accusé du viol de plusieurs filles mineures dont l’âge varie entre 10 et 13 ans.

Selon les premières informations receullies par Radio Ndeke Luka, le modus operandi de l’officier des douanes était le suivant : attirer les filles, individuellement ou en groupes dans un appartement loué au quartier SICA II, leur offrir des rafraichissements dans lesquels il a mis à leur insu un puissant somnifère, et abuser d’elles une fois qu’elles se sont effondrées dans un profond sommeil.

L’enquête cherche à établir le nombre de ses victimes. Au moins cinq filles ont été identifiées avec certitude. Certaines sourves avancent le chffre de 7. Un témoin, une voisine de la maison du douanier rapporte sous l’anonymat avoir vu de ses propres yeux l’une des filles qui venaient d’être violée. Selon elle, l’homme allait chercher ses victimes dans les autres quartiers. Plusieurs autres sources affirment que l’auteur de ce forfait est un récidiviste et que ses victimes sont encore plus nombreuses qu’on imagine.

Du côté de la Brigade de recherche et d’investigations, les enquêteurs s’abstiennent de toute déclaration sur cette affaire qui fait grand bruit à Bangui.

Le phénomène des viols prend de l’ampleur à Bangui. Pas une semaine sans que la presse traite du sujet avec de nouvelles affaires. On sait qu’ils ont été utilisés à grande échelle comme arme de guerre par les hommes de Jean Pierre Bemba jugé actuellement par la Cour Pénale Internationale à la Haye pour des crimes commis dans le pays en 2002 et 2003.

 

Dans la société, de nombreux cas montrent qu’il s’agit désormais d’un vrai problème au sein de la société. L’Association des Femmes Juristes centrafricaines en a pris conscience et a mis en place depuis quelques mois un centre d’écoute et d’assistance. Mme Formel-Poutou Nadia Carine, secrétaire générale, invitée par Radio Ndeke Luka, « regrette que la plupart des victimes, préfèrent se taire parce que le sujet est encore tabou, protégeant ainsi les violeurs ». Elle explique un autre aspect du phénomène : « il y a de nombreux cas de viols au sein même des familles, des oncles violent leurs nièces, des pères leurs filles, mais les gens préfèrent se taire et tenter de régler çà au sein des familles, ou alors parfois, ce sont les belles familles qui osent dénoncer. Quel que soit l’âge de la victime, les conséquences du viol et des agressions sexuelles sont graves et durables.

En règle très générale, la personne agressée ne peut se reconstruire sans aide extérieure. De tels traumatismes affectent profondément l’estime de soi, la résilience (capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité) ne suffit pas à permettre à la victime de « rebondir ». Le viol et les agressions sexuelles sont des atteintes majeures à la personne …L’oubli n’est pas possible et ne vient pas : le plus généralement, le temps qui passe n’arrange rien quant aux conséquences ; au contraire, il rend plus douloureux encore et plus aléatoire tout travail psychothérapeutique par la suite. »