Le service de psychiatrie rencontre d’énormes difficultés dans la prise en charge des malades mentaux en République centrafricaine. Les responsables se plaignent du manque de médicaments et du personnel qualifié.
Le seul service public de psychiatrie basé au Centre national hospitalier universitaire de Bangui (CNHUB), accueille les malades dans quatre (4) bâtiments vétustes. Le manque de matériels adaptés, d’un local aux normes et d’un personnel qualifié sont autant de défis auxquels ce service fait face.
Délabrement décrié à tous les niveaux
C’est dans des bâtiments délabrés que les malades sont reçus et traités. Les murs de l’intérieur présentent un aspect crasseux, pas de portes, les plafonds semblent sur le point de s’écrouler, les salles sont illuminées la nuit par des lampes torches. Un décor décrié par les parents des malades.
« Le gouvernement doit entretenir le bâtiment pour que cela soit propre. Nous ne pouvons pas venir ici en bonne santé et rentrer chez nous avec des maladies » déplore Irène, accompagnatrice de malade à la psychiatrie.
Service le plus pauvre du système sanitaire
A la différence des autres services constituant le système sanitaire de la République centrafricaine, le centre de prise en charge des maladies mentales du CNHUB manque cruellement de moyens. Seuls, deux professionnels de santé y travaillent.
« La psychiatrie est le service le plus pauvre au niveau de la médecine. Nous ne sommes que deux pour cet unique service qui prend en charge les 5 millions de Centrafricains. Nous avions un seul psychiatre mais ce dernier n’est plus avec nous. Seule, je consulte environ 50 patients par jour. Les médicaments sont rares et leurs prix sont exorbitants » regrette Nathalie Koutou, une infirmière spécialisée.
Alors que les ressources humaines sont limitées et les moyens font défaut, les malades, eux, deviennent de plus en plus nombreux.
« De janvier à octobre, nous avons enregistré 900 nouveaux malades. Nos bâtiments datent d’avant les indépendances malgré nos plaidoyers. Je suis là depuis plus de 20 ans mais aucune retouche n’a été faite sur les bâtiments. Si le ministère peut penser à nous affecter quelques infirmiers et médecins afin qu’on travaille main dans la main, ce serait une très bonne chose » propose Nathalie Koutou.
Plus de 5000 patients depuis le début de l’année
Pour désengorger ce service de prise en charge des maladies mentales, l’organisation religieuse Fracarita a mis en place une clinique. L’absence de personnel qualifié reste la plus grande difficulté. Un spécialiste en santé mentale énumère quelques causes des troubles mentaux.
« Il y a plusieurs facteurs purement biologiques mais aussi des causes psychologiques ou spirituelles. Souvent, l’individu n’arrive pas à gérer les stress de la vie, les guerres et bien d’autres difficultés. Le traitement est holistique. Depuis le début de l’année jusqu’à maintenant, nous avons enregistré 5581 patients » relève Elie Lowakondjo, psychologue clinicien.
De son côté, le gouvernement assure que des efforts sont en train d’être faits pour assurer une meilleure prise en charge des maladies mentales aux Centrafricains. Cependant, aucun détail n’a été donné sur les initiatives en cours.
Le 10 octobre de chaque année, le monde célèbre la journée de la santé mentale. Le thème retenu cette année était « Prenez soin de votre santé mentale ». Ce qui veut dire pour les professionnels de santé, face à l’inefficacité des services, il vaut mieux prévenir que guérir.
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