A Paoua, dans Lim-Pende, les engins explosifs posés sur les axes routiers continuent de tuer. Si les dégâts sont importants du point de vue humain, les conséquences sur le plan économique sont aussi non négligeables. Beaucoup de commerçants ont peur d’emprunter certains axes à cause des mines et sont contraints parfois à changer d’activités.
Depuis plus d’un an, la libre circulation des personnes et des biens reste compromise dans le Nord-ouest de la République centrafricaine à cause des mines antipersonnel, rendant chaotique la situation sécuritaire. Ce, avec la crise provoquée par la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) depuis 2020.
A ce jour, le nombre de victimes s’allonge malgré les différentes opérations de déminage engagées par la Minusca.
« Tout le monde est découragé »
Les engins explosifs demeurent un problème majeur et un défi pour l’essor économique de la région, selon les opérateurs économiques. L’usage des mines sur les axes routiers affecte l’économie locale.
« Les commerçants hésitent d’aller acheter les produits. Tout le monde est découragé et beaucoup de commerçants et transporteurs sont rentrés à Bangui. Ceux qui disposent d’un réseau dense, sont 8 ou 10 et ils sont tous à Bangui. Ils ont abandonné leurs activités. Pour avoir les articles de l’autre côté, c’est un calvaire. Il est difficile d’avoir de l’essence, du savon… Ce qu’on pouvait avoir entre temps à 300 francs CFA, maintenant ça coûte 500 francs. Nous ne connaissons pas le sens de la vie que nous menons. Nous avons de sérieux problèmes », déplore Mahamat Sallé, un commerçant de Paoua.
Des pertes en vies humaines
Outre les pertes estimées à plusieurs millions de francs CFA, des familles se souviennent de leurs proches qui ont perdu la vie pour avoir sauté sur les mines.
« En arrivant à Ngou-Tèrè, même pas 5 kilomètres, pendant que le véhicule roulait, nous avons été secoués par une explosion. Nous étions quatre dans le véhicule. Mon ami, qui était à côté de moi est mort sur le champ, un autre grièvement blessé, était transféré à l’hôpital et c’est là-bas qu’il a succombé à ses blessures. Moi, par contre, j’ai eu une fracture à la jambe gauche et le chauffeur, lui, est blessé aux jambes. Quand je vois un véhicule emprunter cette voie, je pense à ce qui m’est arrivé. Le chemin est trop risqué », témoigne Mahamat Sallé.
Face à la situation, beaucoup plaident pour le déminage de ces mines qui endeuillent les familles et paralysent le commerce dans la région.
« La guerre ne se fait pas de cette manière. Ils posent les mines et ce sont les civils qui n’ont rien à voir avec leur lutte qui en sont victimes. S’ils ne peuvent pas aller déminer eux-mêmes là où ils ont posé ces engins, qu’ils indiquent le lieu aux spécialistes afin qu’ils puissent les enlever », plaide Julien Manassé Ngakoutou, un habitant de Paoua.
Les mines sont interdites par les résolutions des Nations-Unies. Leur usage par les belligérants en République centrafricaine fait ravage parmi les militaires, soldats de la paix ainsi que parmi les civils dans un contexte où le pays est encore sous embargo du Conseil de sécurité de l’Onu.
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